mercredi 27 février 2008

Méi Lánfāng

Il y a des pans immenses de la culture humaine qui sont méconnus dans les pays occidentaux. Un exemple parmi tant d'autres, les opéras chinois. Combien d'Européens en ont déjà apprécié un ? Moins d'un pour cent très certainement.

Je fais d'ailleurs partie des rares privilégiés puisque j'ai personnellement assisté à deux tels opéras, un à Ottawa, au Canada et un autre à Paris.

Méi Lánfāng est l'un des plus célèbres artistes d'opéra de l'histoire contemporaine de la Chine. Interprète hors pair de rôles féminins, il laissera sa trace dans l'histoire de cet art puisqu'on parle aujourd'hui de « l'école de Méi » pour ceux qui poursuivent et développent le style de jeu scénique qu'il a développé. De plus, il fut l'un des permiers ambassadeurs internationaux du Kūnqǔ, une forme d'opéra chinois.

Sa mort, en 1961, sera commémorée l'année suivante par l'émission d'une série de timbre de la République populaire de Chine, dont voici la pièce rare, un feuillet souvenir :

Méi Lánfāng, feuillet souvenir de la République populaire de Chine

Mis en vente par John Bull Stamp Auctions, vente aux enchères publique n° 306, lot n° 1470.

Valeur estimée : 35 000 à 38 000$
Prix de vente : 25 000$

Ce feuillet est en parfaite condition, ce qui est rarement le cas d'après le vendeur et mon catalogue de référence, qui indique en plus que cet objet philatélique n'est pas communément proposé à la vente et... que d'excellents faux existent !

mardi 26 février 2008

De l'art d'aligner des timbres sur une feuille

Si c'est un collectionneur à la vue déclinante qui n'aligne pas tout à fait ses timbres sur une page d'album, on le lui pardonne volontiers. Lorsque c'est l'imprimeur qui produit une feuille de timbres mal alignée et qu'il ne s'agit pas d'une erreur ponctuelle involontaire, on se demande bien pourquoi.

Bloc de six, un peu mal aligné

Mis en vente par Eastern Auctions, vente aux enchères publique du 29.02.2008, lot n° 31.

Cote : 4800$
  Prix de vente : 2300$

ex Harvey Poole

Il s'agit d'un bloc de six timbres de cinq pence, émis en 1857 par la colonie britannique de Terre-Neuve. Ces timbres, bien que peu communs, ne sont pas rares mais ce qui est intéressant, c'est la façon dont les timbres sont disposés, plus ou moins bien alignés, ce qui est la disposition normale de cette impression. Je suis cependant incapable de vous en donner la raison, si raison il y a.

Ce lot fait partie d'une collection spécialisée de Terre-Neuve, formée dans les années cinquante et soixante par un M. Harvey Poole. Sa collection comprend entre autres de très nombreuses épreuves des émissions terre-neuviennes.

Mise à jour du 22 mai 2008

Voici une rare feuille complète du timbre de 8 pence émis par Terre-Neuve en 1857 :

Bloc de vingt-cinq, un peu mal aligné

Mis en vente par H.R. Harmer, vente aux enchères n° 2984 du 22.05.2008, lot n° 2761.

Cote : 29 000$
  Prix de vente : 17 000$

Collection « Mont-Royal »

On peut constater, sur cette feuille de vingt timbres, le même genre de disposition « artisanale » des clichés, dont aucun n'est vraiment aligné avec ses voisins.

Signée A. Diena, cette feuille est exceptionnellement fraîche et possède toute sa gomme originale, sans traces de charnière sur dix-neuf timbres.

Des autres valeurs de cette première série de timbre de Terre-Neuve, seules quelques valeurs existent possiblement en feuilles intactes.

Mise à jour du 26 mai 2008

De nouveaux tirages de ces timbres eurent lieu en 1861, dans une couleur plus rosée et sur un papier différent. Les exemplaires de ces tirages sont beaucoup plus communs aujourd'hui que ceux des premiers tout simplement car lors du passage de la monnaie britannique à la monnaie décimale (dollars et cents), les surplus de timbres en pence n'ont pas été détruits mais vendus.


Bloc de vingt-cinq, un peu mal aligné

Mis en vente par Sparks Auctions, vente aux enchères n° 2 du 07.06.2008, lot n° 1480.

Cote : 4000$
Prix de vente : 1800$

Ainsi, cette feuille du 6½ pence est un peu plus abordable. Elle présente cependant les mêmes caractéristiques que les précédentes. Il serait intéressant de pouvoir comparer avec le premier tirage du timbre de 6½ pence mais ça risque d'être impossible, ce timbre valant plus de 50x celui illustré ici...

dimanche 24 février 2008

Deux timbres à moins d'un dollar chez Siegel

Robert A. Siegel Auction Galleries est l'une des plus prestigieuse maison de vente (si le prestige est défini par le nombre de pièces rares vendues par l'entremise d'une maison de vente) aux enchères de la planète philatélie. Il n'est pas rare, voire courant, que des pièces de plus de 10 000$ soient offertes aux collectionneurs. Alors que viennent faire chez cette maison deux timbres si courant qu'il valent moins de un dollar ?

Un timbre à 80 cents

Mis en vente par Robert A. Siegel Auction Galleries, vente aux enchères n° 951 du 27.02.2008, lot n° 67.

Cote : 0,80$
Cote : 390,00$
  Prix de vente : 3000,00$

Un timbre à 55 cents

Mis en vente par Robert A. Siegel Auction Galleries, vente aux enchères n° 951 du 27.02.2008, lot n° 74.

Cote : 0,55$
Cote : 315,00$
  Prix de vente: 1300,00$

Comme l'indiquent les cotes, ces deux timbres ne valent « rien » en condition very fine. Cependant, vu leur état exceptionnel et l'engouement des Américains pour les timbres exceptionnels, ils risquent d'atteindre un prix de vente inimaginable. D'ailleurs, ces deux exemplaires sont respectivement notés 100J et 98J (le J pour jumbo margins), ce qui nous permet d'évaluer un peu mieux leur valeur de marché réelle, comme l'indique le deuxième jeu de cotes.

Ces deux timbres, tout comme les deux 1¢ bleus présentés mercredi dernier, font partie d'une exceptionnelle collection de timbres américains oblitérés, formée par M. Tahoe. Elle contient de nombreux timbres rares ainsi que de très nombreux exemplaires en magnifique condition.

Mise à jour du 5 mai 2009

Spink Shreves Galleries est une autre des maisons prestigieuses par l'entremise de laquelle sont vendues de nombreuses raretés américaines. Dans quelques jours sera mise aux enchères une collection exceptionnelle de timbres oblitérés des États-Unis et du monde. Parmi cette collection, deux timbres qui cotent un dollar :

Mis en vente par Spink Shreves Galleries, vente aux enchères n° 113 du 08.05.2009, lot n° 119.

Cote : 1$
Prix de vente : 1600$

collection Richard Collier

Mis en vente par Spink Shreves Galleries, vente aux enchères n° 113 du 08.05.2009, lot n° 186.

Cote : 1$
Prix de vente : 675$

collection Richard Collier

Ces deux timbres très communs sont accompagnés d'un certificat d'authenticité (!) qui leur accorde le précieux sésame : Gem 100 et Gem 100 Jumbo. Ces deux timbres devraient donc atteindre des prix stratosphériques. Folie ? Peut-être.

mercredi 20 février 2008

États-Unis, 1857, 1¢ bleu, Benjamin Franklin

La deuxième émission de timbres américains, débutée en 1851, comprend cinq timbres dont un 1¢ bleu, orné d'un portrait de Benjamin Franklin. D'ailleurs il faudra attendre l'émission commémorative de 1893 pour qu'un timbre d'un cent ne sois pas orné de son portrait.

En 1857, de nouvelles dénominations sont ajoutées et, changement le plus visible, les timbres sont maintenant dentelés. Le 1¢ bleu est désigné, dans le catalogue Scott, par les numéros 5, 5A, 6, 7, 8, 8A, 9 pour la version non dentelée et par les numéros 18 à 24 pour la version dentelée. Pourquoi autant de numéros ? Parce qu'il y a au moins sept types différents. Ceux qui nous intéressent aujourd'hui sont les types Ia et un cas particulier du type III, tous deux très rares.

1¢ bleu, Benjamin Franklin
Mis en vente par Robert A. Siegel Auction Galleries, vente aux enchères publique n° 951, lot n° 14.

Cote : 10 000$
Cote : 180 000$
 
Prix de vente : 330 000$

ex Eno, Zoellner et Hinrichs

1¢ bleu, Benjamin Franklin
Mis en vente par Robert A. Siegel Auction Galleries, vente aux enchères publique n° 951, lot n° 15.

Cote : 20 000$
Prix de vente : 21 000$

Le premier exemplaire offert est de type Ia. Ce type, caractérisé par le fait que le motif décoratif au haut du timbre soit incomplet, se produit sur 18 des 20 timbres de la dernière rangée des timbres imprimées à partir de la plaque n° 4 (les timbres étaient imprimés en feuilles de 200 composées de deux moitiés de 100 timbres). L'exemplaire offert est de position 92L, c'est-à-dire la dernière rangée, deuxième colonne, feuille de gauche.

Il est à noter que les timbres imprimés à partir de cette plaque n'ont été dentelés qu'à partir de juillet 1857 et qu'on retrouve plusieurs types sur la même plaque. Ainsi, plusieurs numéros de catalogue Scott représentent donc la même émission de timbre.

Pourquoi l'exemplaire offert est-il exceptionnel ? D'abord parce qu'il est superbe et dans un parfait état et ensuite car la dentelure n'ampute pas le motif. En effet, ces timbres étaient imprimés très serrés et il est quasiment impossible d'avoir un motif complet, en particulier sur la première et la dernière rangée de la feuille. Il se trouve que certains exemplaires, comme celui-ci, ont des perforations plus espacées, c'est-à-dire que le timbre est légèrement plus haut, ce qui permet d'éviter que la dentelure ne coupe le motif.

Ce timbre est donc extrêmement rare et sa qualité fait qu'il a déjà été dans un passé récent au décuple de sa cote, comme le montre la deuxième cote, attribuée par Professional Stamp Experts.

Le deuxième exemplaire est lui de type III, qui se distingue par le bris, au bas et au haut du motif, de l'arc de cercle qui jouxte les écritures. Sur la plaque 4, tous les exemplaires à l'exception des premières et dernières rangées sont de type III. Cependant, sur la plaque 2, 198 des 200 exemplaires sont de type II. L'exemplaire en position 100R était au départ de type II mais l'usure en a fait un type IIIa. Il reste donc l'unique position 99R qui est de type III.

Il n'y aurait qu'une quinzaine d'exemplaires connus de cette position (notée 99R2), ce qui explique la cote très élevée. L'exemplaire offert ici est l'un des plus beaux car non fautif et dotée d'une discrète oblitération bleue.

Compliqué ? Pas tant que ça. Cependant, je ne vous conseille pas une collection spécialisée de ce 1¢ bleu à moins que vous ne disposiez de très importants moyens financiers !

Mise à jour du 26 février 2008

Voici un autre exemplaire du type Ia, qui est cette fois de la hauteur habituelle pour ce timbre :

1¢ bleu, Benjamin Franklin
Mis en vente par Spink Shreves Galleries, vente aux enchères publique n° 99, lot n° 45.

Cote : 10 000$
Prix de vente : 2 700$

On constate donc que le motif est amputé dans le bas du timbre. Heureusement d'ailleurs car si ça avait été le haut, on aurait difficilement pu constater qu'il s'agissait d'un type Ia ! Il est de position 99L4, soit l'avant-dernier timbre de la dernière rangée, feuille de gauche, plaque n° 4, ce qui est cohérent avec le type Ia.

Dans cette même vente, on trouve également un exemplaire du n° 21, de type III. Cependant, ce n'est pas un exemplaire de la position 99R2, ce qui le rend beaucoup moins rare mais attention, il est neuf et a reçu la plus haute évaluation jusqu'à aujourd'hui (90, extremely fine) pour ce timbre.

1¢ bleu, Benjamin Franklin
Mis en vente par Spink Shreves Galleries, vente aux enchères publique n° 99, lot n° 48.

Cote : 17 500$
Cote : 41 400$
  Prix de vente: 70 000$

Son apparence générale est d'ailleurs remarquable, ce qui en fait l'un des plus beaux exemplaires neufs connus de ce timbre.

mardi 19 février 2008

Quand le graveur ajoute des motifs géométriques décoratifs

En 1916, les manufacturiers responsables de la production des plaques servant à la gravure des timbres-poste canadiens introduisirent des motifs géométriques sur le bord inférieur des plaques. Ces motifs, surnommés lathework en anglais (un lathe est une machine-outil appelée tour en français) sont géométriques et plutôt décoratifs.

On les collectionne en conservant un bloc ou une rangée de timbres en bord de feuille.

De 1911 à 1925, le Canada n'a émis qu'une seule série de timbres (à l'exception d'un timbre commémoratif en 1917), celle montrant un portrait du roi Georges V vêtu d'un habit miliatire et connue sous le nom « Admiral Issue ». On ne trouve donc les motifs gométriques (dont on dénombre cinq types différents) qu'avec cette émission.

À une exception près, un timbre « à percevoir » de 2¢.

Canada Postage Due lathework

Canada Postage Due lathework

Mis en vente par R. Maresch & Son, vente aux enchères publique n° 433, lots n° 1609 et 1612.

Cotes : 3500 et 7500$
Prix de vente : 775 et 2100$

Ces deux blocs illustrent deux des motifs de lathework, les deux seuls d'ailleurs qu'on retrouve sur ce timbre. L'une des particularité de cette émission est qu'en 1924 eu lieu un tirage sur papier mince. On ne retrouve le premier motif que sur le tirage sur papier normal (sur un tirage antérieur à 1924) et le deuxième à priori que sur papier mince.

À priori car la paire illustré est sur papier normal, ce qui la rend extrêmement rare. Mon catalogue de référence, qui date de 2002, cite un seul exemplaire connu et ne lui assigne pas de valeur. On peut cependant supposer que depuis de nouvelles informations sont venues enrichir notre connaissance de ces émissions puisque cette paire a maintenant une cote (élevée) et le vendeur qualifie la pièce de « grande rareté » et non d'unique.

Mise à jour du 30 mars 2008

Pourquoi se contenter d'une paire ? Il y aurait en fait quatre blocs connus sur papier normal d'après les derniers recensements, sans compter cet extraordinaire feuille complète (!) récemment « découverte » :

Une feuille complète !
Mis en vente par Charles G. Firby, vente aux enchères n° 0408 du 04.04.2008, lot n° 412.

Cote : 24 000$
Prix de vente : 5000$

On ne pourra lui reprocher que l'impression partielle du motif, qui n'atteint pas le bord de la feuille, ce qui lui enlève un peu de son attrait. Comme il y a potentiellement cinq blocs sur cette feuille, le nombre d'exemplaires connus est doublé d'un seul coup !

Mise à jour du 26 mai 2008

Décidément, pour une rareté dont on ne connaissais qu'un exemplaire il y a quelques années, le nombre d'exemplaires offerts à la vente est ridiculement élevé.

Voici une deuxième feuille complète avec le même motif, sur papier normal :

Une feuille complète !
Mis en vente par Sparks Auctions, vente aux enchères n° 2 du 07.06.2008, lot n° 1425.

Cote : 24 000$
Prix de vente : 5800$

On constate que cette feuille est quasi-identique à la précédente; d'ailleurs le cachet à date est dans les deux cas celui de St-Roch de Québec. On pourrait même émettre l'hypothèse que cette feuille est tout simplement le panneau inférieur de la feuille ci-haut.

lundi 18 février 2008

Finlande, tête-bêche

Tête-bêche : Ensemble de deux timbres adjacents dont l'un est renversé par rapport à l'autre. Comment est-ce possible ? Il suffit d'un moment d'inadvertance de l'imprimeur qui, dans une feuille de 50, 100, 120 ou 200 timbres aura inversé l'une des matrices lors de la création de la plaque qui servira à l'impression.

Parmi les émissions de timbres-poste finlandais, celle de 1875 à 1884 fait le bonheur des spécialistes. Deux imprimeurs différents, deux tailles de dentelures utilisés simultanément, de nombreux tirages produisant tout autant de variantes de couleur et... quelques têtes-bêches.

Finlande tête-bêche
Mis en vente par AB Philea, vente aux enchères publique n° 262, lot n° 1514.

Prix de départ : 8000 kr
Prix de vente : Invendu

Ce tête-bêche, agrémenté d'une très jolie oblitération de ABO, 14 février 1882, est, comme tous les têtes-bêches accidentels, rare. Celui-ci est dentelé 12½ x 12½, n'est cependant pas le plus rare puisqu'il n'y a par exemple qu'une seule paire connue dentelée 11 x 12½ et cinq dentelées 12½ x 11.

Dans la même série on trouve également des têtes-bêches pour le 5 penni orange et le 25 penni rouge (huit exemplaires connus).

Mise à jour du 14 mai 2008, 18 mars 2009

Voici probablement le plus bel exemplaire d'un tête-bêche du 25 penni rouge :

Finlande tête-bêche

Mis en vente par Postiljonen, vente aux enchères du 04.04.2009, lot n° 130.

Mise à prix : 15 000€
Prix de vente : Invendu

Mis en vente par Spink Shreves Galleries, vente aux enchères n° 102 du 16.05.2008, lot n° 1043.

Valeur estimée : 15 000 à 20 000$
  Prix de vente : 16 000$

ex Fabergé, Mellgren
collection William H. Gross


Il s'agit d'un bloc de six, neuf, montrant clairement la position du cliché inversé dans le coin inférieur gauche. Seuls sept ou huit exemplaires tête-bêche seraient connus, tous provenant du huitième et dernier tirage de ce timbre, tiré à 125 000 exemplaires en octobre 1884, sur un total de 2,9 millions d'exemplaires imprimés de 1882 à 1884.

samedi 16 février 2008

Canada #2 - 6p gris violet

Le timbre rare du jour est le deuxième timbre émis par la colonie du Canada, avant que celle-ci ne devienne un dominion suite à la création d'un état fédéral en 1867.

Il s'agit d'un timbre de six pence, de couleur violacée, représentant le Prince Albert, l'époux de la reine Victoria. Émis le 17 mai 1851, un peu moins d'un mois après la sortie du premier timbre canadien et un peu moins d'un mois avant la sortie du timbre de 12 pence représentant la reine Victoria.

Cette première série de trois timbres est aujourd'hui très rare à l'état neuf, en particulier car dès 1852, une nouvelle impression sera réalisée, sur papier vélin plutôt que vergé.

De plus, le timbre de six pence aura une couleur nettement grise plutôt que violette.

Canada #2 - Prince Albert - 6p violet
Mis en vente par Rasdale Stamp Company, vente aux enchères publique n° 395, lot n° 181.

Cote : 20 000$
Prix de vente : 10 500$

L'exemplaire offert ici est neuf, sans gomme. La surface du timbre semble avoir été polie (comme l'indique le vendeur dans la description), ce qui est difficile à juger correctectement sur un si petit scan.

Côté 20 000$, une valeur tirée d'après le catalogue de vente du plus récent catalogue Scott, ce qui indiquerait que la valeur du timbre a doublé depuis l'édition 2002 de ce même catalogue, où il valait 10 500$. L'autre possibilité est que le vendeur ait utilisé le catalogue spécialisé des timbres canadiens, Unitrade, et ait considéré que l'exemplaire offert était very fine (ce qui n'est pas le cas d'après la description). Le prix de vente devrait donc n'être qu'une fraction de cette cote.

Et s'il n'avait un certificat de l'American Philatelic Society (dont l'année n'est pas précisée), j'aurais tendance à penser que ce timbre est de couleur grise et qu'il s'agirait du n° 5, qui d'ailleurs est assez rare lui aussi. Notez cependant que la couleur est très difficile à évaluer sur un scan informatique; elle peut facilement être faussée. De plus, le caractère distinctif entre le n° 2 et le n° 5 n'est pas la couleur mais bien le type de papier sur lequel le timbre est imprimé.

Pour terminer une note sur l'orthographe : on dit un penny et des pence, sans le s.

jeudi 14 février 2008

Lettre à un prisonnier

Nous sommes aux États-Unis, en 1861. La guerre civile vient d'éclater entre les états confédérés du sud et les états de l'union, du nord. L'une des premières grandes batailles de cette guerre est la bataille de Bull Run, le 21 juillet 1861. 70 000 soldats s'opposent en une bataille sanglante. Les soldats de l'union y laisseront  plus de 450 des leurs, ainsi que 1300 prisonniers.

Où les caser ? Un certain John Ligon possédait, à Richmond, en Virginie, un entrepôt de tabac. C'est là que les prisonniers furent entassés.

Lors de cette bataille, l'aumônier Hiram Eddy fut séparé de son régiment avant d'être capturé par les soldats confédérés cinq jours plus tard. Il rejoignit donc ses camarades à la prison de Richmond. Ces informations nous viennent de la société d'histoire du Connecticut, qui possède une copie du journal intime de l'aumônier. On y apprend que ce dernier aurait cherché refuge dans une maison occupée par des Américains d'origine africaine mais que ceux-ci refusèrent de le cacher pour la nuit, la présence de la cavalerie ennemie les dissuadant.

Le 6 août 1861, l'aumônier reçut un courrier :

Lettre à un prisonnier
Mis en vente par Schuyler Rumsey Philatelic Auctions, vente aux enchères publique n° 29, lot n° 3894.

Valeur estimée : 5000 à 7500$
Prix de vente : 19 000$

Posté de Louisville, Kentucky, ce pli fut transporté à travers les lignes ennemies par Adam's Express, comme indiqué par le cachet à gauche, une compagnie fondée par un marchand nommé Adams après avoir été ruiné lors de la débâcle financière de 1837. Cette compagnie existe toujours mais est aujourd'hui un fond d'investissement.

Le révérend Hiram Eddy était supposément très apprécié et ses sermons étaient qualifiés de magnifiques. Des recherches plus approfondies pourraient probablement nous en apprendre beaucoup plus sur ce révérend et sur sa captivité lors de la guerre de Sécession.

mardi 12 février 2008

L'oblitération pirate

Dès les premières années de la philatélie, de nombreuses oblitérations de fantaisie firent leur apparition, pour le plus grand bonheur des collectionneurs. En voici une particulièrement amusante :

Oblitération pirate !
Mis en vente par Schuyler Rumsey Philatelic Auctions, vente aux enchères publique n° 28, lot n° 756.

Valeur estimée : 10 000 à 15 000$
Prix de vente : 14 000$

ex Knapp, Matthies, Grunin

Il s'agit bien d'une tête de mort, l'emblème par excellence de la piraterie ! Cet exemplaire est de grande qualité, l'oblitération de fantaisie recouvrant parfaitement le timbre et le pli étant agrémenté de deux cachets à date, Waterbury, 8 avril 1866 et Carrier, 10 avril 1866, 7h du matin.

Cette oblitération de fantaisie est aujourd'hui extrêmement rare puisque seul deux exemplaires seraient connus.

samedi 9 février 2008

La sécurité routière avant tout !

De nombreuses fois dans l'histoire philatélique des timbres comportant de grossières erreurs ont été émis. Certaines sont passées inaperçues, d'autres non. Dans ce cas, le pays émetteur pouvait corriger la situation en émettant une nouvelle version du timbre fautif.

Parfois, l'erreur est identifiée avant même que le timbre ne soit distribué au public :

Un feuillet sur la sécurité routière
Mis en vente par Prestige Philately, vente aux enchères publique n° 133, lot n° 943.

Cote : 12000€
Valeur estimée : 2400$
Prix de vente : 2100$

Que reproche-t-on au juste à ce feuillet dédié à la santé de nos enfants ? Regardez bien le bébé dans son siège auto et son ours en peluche. Ce dernier est assis directement sur la banquette et est attaché donc... donc le siège auto fait face à la route !

Ce qui est bien évidemment tout à fait contraire aux règles de sécurité actuelles ! Le feuillet a donc été redessiné pour corriger cette erreur. Cependant, l'imprimeur néerlandais avait déjà distribué des exemplaires à ses employés...

mardi 5 février 2008

Expéditions polaires

Le dirigeable Norge fut le premier engin volant à survoler le pôle nord, le 12 mai 1926. À son bord, l'explorateur norvégien Amundsen, célèbre pour avoir atteint le premier le pôle sud en 1911, un mois avant l'explorateur américain Scott. À bord également, Umberto Nobile, le pilote et constructeur de l'aéronef, ainsi que Lincoln Ellsworth, explorateur américain dont le riche papa avait financé une partie de l'expédition.

Le pli suivant rapelle cette expédition :

Le vol de Amundsen au-dessus du pôle nord
Mis en vente par Auktionshaus Felzmann, vente aux enchères publique n° 120, lot n° 388.

Valeur estimée : 3000€
Prix de vente : Invendu

La flèche rouge sur la photographie de l'enveloppe nous invite à porter attention au fait que l'illustration de ce timbre est inversée par rapport au texte.

Cette expédition sera couronnée de succès, ce qui ne sera pas le cas d'un autre vol de Nobile au pôle, durant lequel son dirigeable s'écrasera sur les glaces. L'accident est digne des romans de Jules Verne. Lors du crash, une partie de l'équipage est projetée sur la glace tandis que l'autre reste prisonnière du dirigeable et de son immense enveloppe. Tandis que l'engin dérive au vent, l'un des rescapés à bord de l'appareil jette sur la glace tout ce qui lui tombe sous la main afin de favoriser la survie de ses coéquipiers. On ne retrouvera jamais ni l'enveloppe ni les six personnes restées à bord mais les autres, grâce aux vivres et matériels jetés de l'aéronef, survivront jusqu'à l'arrivée des secours.

D'ailleurs Amundsen lui-même participera aux opérations de secours, ce qui sera son dernier voyage polaire puisqu'à son tour son hydravion d'abîme dans les mers glaciales du nord...