mardi 31 mars 2009

Marseille avec une longueur d'avance

Certains afficionados du ballon rond pourraient penser que je fais référence à un championnat bien connu mais non, ce qui m'intéresse ici est cette lettre, à première vue anodine :

Mis en vente par Giorgino, vente aux enchères du 27.03.2009, lot n° 1184.

Mise à prix : 15 000 Fr
Prix de vente : Invendu

Affranchie de d'une paire timbres Cérès de 10 centimes, cette lettre a été postée le 8 septembre 1850 à Marseille. Le 8 septembre ? Le premier jour officiel serait le 12 septembre selon le vendeur, ce que mon catalogue Yvert & Tellier ne confirme pas, l'information étant absente. Je me demande d'ailleurs à quoi il me sert ce catalogue...

Wikipédia précisant que la plus ancienne date d'utilisation connue est le 12 septembre, j'ai laissé un commentaire sur la page de discussion pour qu'un philatéliste plus chevronné modifie l'article s'il le juge bon. La lettre ci-haut, signée Calves, serait donc la plus ancienne connue avec ce timbre de 10 centimes.

Une autre curiosité, c'est qu'elle semble être insuffisamment affranchie. En effet, le tarif d'une lettre simple était passé de 20 à 25 centimes le 1er juillet 1850.

Quand on est de Marseille, on est condamné à ne plus croire à rien ! écrivait Gaston Leroux.



Mises à jour : Un 1fr vermillon sur lettre invendu à Paris tente sa chance en Suisse, un usage correct pour la surcharge aérienne Pasteur et ce qui semble être un double de Genève sur fragment.

mercredi 18 mars 2009

Danemark, n° 1

C'est en avril 1851 que le royaume du Danemark imprime son premier timbre-poste. Il s'agit d'un timbre de 4 rigsbankskilling, destiné à l'affranchissement du courrier intérieur.

Un mois plus tard, un timbre de 2 rigsbankskilling était émis, pour le courrier local cette fois-ci, principalement celui de Copenhague. C'est ce timbre qui porte le n° 1. Il sera tiré à près de 500 000 exemplaires et sera utilisé pendant 3 ou 4 ans, jusqu'au changement monétaire de 1854.

On distingue deux impressions. La première est réalisé directement à l'aide de plaques de cuivre, par M. W. Ferslew, qui est remplacé à sa mort par H. H. Thiele, qui procède plutôt par typographie. On distingue donc ces deux impressions par le relief du motif, plus prononcé pour la première. La deuxième impression fut environ quatre fois plus importante en volume que la première.

Les amateurs de types aiment particulièrement ce timbre car il y a dix clichés différents, recopiés dix fois pour former une planche de cent timbres, et deux planches différentes. On distingue relativement facilement les deux cents positions car chacune d'entre elle a été retouchée avant l'impression. De plus, les clichés de quatre positions de la première planche ont éventuellement été remplacés car abîmés.

Voici ce qui est sans nul doute l'un des plus bel exemplaire de ce timbre :

Mis en vente par Postiljonen, vente aux enchères du 04.04.2009, lot n° 5.

Mise à prix : 20 000€
Prix de vente : Invendu

ex Stig Andersen, Peer Lorentzen

Le timbre est neuf, en parfaite condition, de couleur radieuse, avec de belles marges amples et avec en plus sa gomme originale immaculée ! Impossible de faire mieux.

Il s'agit d'un exemplaire de la première impression, planche n° 1, position 63, type 3. Ce type se caractérise par les trois lignes horizontales à la droite du P de POST; la première est légèrement brisée vers la droite. Pour la petite histoire, KGL est l'abbréviation de Kongelig, qui signifie « royal ».

Mise à jour du 11 avril 2009

Voici l'unique bloc oblitéré de ce timbre :

Mis en vente par David Feldman SA, vente aux enchères du 01.05.2009, lot n° 60007.

Valeur estimée : 120 000 à 180 000€
Prix de vente : Invendu

ex Scott

Il s'agit des positions 1, 2, 11 et 12, du deuxième tirage. Les bords de feuille gauche et supérieur n'ont pas été conservés. Le vendeur précise que ce bloc a été découvert il y a une vingtaine d'année dans un album philatélique d'une écolière.

Trois blocs neufs seraient connus, dont l'un se trouve au musée postal danois, que je n'ai malheureusement pas eu la chance de visiter durant mon séjour dans ce pays l'été dernier, même si je suis passé devant par hasard. Une autre fois peut-être !




Mises à jour : une paire neuve du premier timbre de Finlande, ainsi que la remise en vente d'un tête-bêche offert l'an dernier dans une autre maison de vente.

samedi 7 mars 2009

Une lettre dans le désert d'Atacama

Il y a des destinations qui sont suffisamment inhabituelles pour attirer notre attention :

Mis en vente par Antonio Torres International, vente aux enchères du 07.03.2009, lot n° 1406.

Valeur estimée : 4000£
Prix de vente : Invendu

Postée de Salta (on lit Salta Franca sur le cachet), ville du nord de l'Argentine, la lettre est affranchie d'un timbre de 10 centavos émis en 1862 (et normalement destiné aux envois outremer) et est à destination d'Atacama.

Atacama est un désert, l'un des plus vieux et arides du monde, juché sur un haut plateau des Andes. La pluviométrie y est pratiquement nulle; on pense que dans certaines zones il n'y aurait pas plus durant plusieurs siècles ! Paradoxalement, l'astronomie y trouve son bonheur en raison de l'altitude, de l'absence de nuage et de pollution lumineuse. On y installe actuellement une batterie de quatre-vingt radio-téléscopes.

Le désert d'Atacama se trouve aujourd'hui au Chili mais il y a 150 ans, les frontières ne sont pas tout à fait les mêmes et il semble que la lettre était à destination de la Bolivie, d'où le cachet POTOSI au verso, Potosí étant une ville du sud de la Bolivie. Cette ville est également particulière; située à une altitude de plus de 4000 mètres, c'est l'une des plus hautes du monde. Pourtant, sa population sera très importante au XVIIème et XVIIIème siècle, lorsque l'exploitation de mines d'argent battait son plein.

Où exactement habitait le destinataire de la lettre ? Difficile de le dire, peut-être dans l'une des oasis du désert, comme San Pedro de Atacama. Une destination probablement rarissime pour une lettre du dix-neuvième siècle.

Bonne lecture si comme moi vous suivez les liens !

mardi 3 mars 2009

Valevole per le stampe, capovolta

En 1890, l'Italie surcharge une série de timbres pour colis postaux afin de leur donner pouvoir d'affranchissement ordinaire. Qui dit surcharge dit innombrables variétés, dont la surcharge inversée qui semble tant passionner les collectionneurs :

Mis en vente par Cherrystone Philatelic Auctioneers, vente aux enchères du 11.03.2009, lot n° 1229.

Cote : 100 000€
Prix indicatif : 47 500$
Prix de vente : 42 500$

Le vendeur précise que d'après Sassone, il n'y aurait que deux exemplaires de cette variété. Celui-ci est « unused with full original gum, small h.r., fine ». L'autre serait neuf sans gomme. Le vendeur en conclut que « this is undoubtedly the finest existing example of this world-class rarity ».

Le vendeur précise également que l'autre exemplaire a été vendu par lui-même en mars 2008. Grâce à ses archives on retrouve donc ce deuxième exemplaire :

Mis en vente par Cherrystone Philatelic Auctioneers, vente aux enchères de 03.2008, lot n° 1422.

Cote : 90 000€
Prix de vente : 55 000$

Et là, surprise, la description de ce timbre précise que l'autre exemplaire connu serait défectueux ! Manifestement il ne l'est pas ou ne l'est plus...

Autre curiosité, l'augmentation de plus de 10% de la cote en un an alors qu'à priori il est peu probable qu'il y ait eu d'autre exemplaire de vendu que celui-ci. Suite à une vente de 55 000$ on augment la cote de 90 000 à 100 000€ ? S'il fallait une autre preuve que la cote ne représente pas la valeur marchande d'un timbre, c'en est une bonne.

Ce qui est intéressant, c'est que le catalogue Scott de 2002 le cote à 32 500$ neuf et 16 250$ oblitéré. Oblitéré ? Il y aurait donc plus de deux exemplaires ?

Mis en vente par AP Auction Phila, vente aux enchères n° 148 du 29.09.2007, lot n° 301.

Prix de vente : Inconnu

Le timbre en bas à gauche, il semble bien que ce soit celui qui nous intéresse...




Mise à jour : Un carnet de timbres d'épargne de guerre.