mardi 27 janvier 2009

États-Unis, n° 1

Une exceptionnelle collection classique (c'est-à-dire une collection d'un exemplaire de chaque timbre, sans spécialisation) de timbres américains sera offerte aux collectionneurs cette année. Il s'agit de la collection d'un certain Alan B. Whitman. Au fil des pages, ce ne sont qu'exemplaires superbes et raretés.

Prenons par exemple le premier lot :

United States n° 1, NH
Mis en vente par Siegel Auction Galleries, vente aux enchères n° 968 du 27.01.2009, lot n° 1.

Cote : 8750$
Prix de vente : 110 000$

collection Alan B. Whitman

Il s'agit du premier timbre des États-Unis, émis le 1er juillet 1847, neuf, superbe, avec sa gomme originale intacte. Bien que ce timbre ne soit pas rare, un aussi bel exemplaire neuf est une grande rareté. Comme le fait remarquer le vendeur, « Scott Retail value for hinged has little relevance to the value of the Mint N.H. stamp ».

En effet, connaissant l'engouement des Américains pour les timbres sans charnière et le fait qu'un seul autre exemplaire de ce timbre existerait ainsi, le prix de vente devrait être dans les six chiffres.

Notre collectionneur n'a semble-t-il pas pu résister à inclure quelques paires ou blocs dans sa collection :

États-Unis n° 1, bloc de quatre
Mis en vente par Siegel Auction Galleries, vente aux enchères n° 968 du 27.01.2008, lot n° 3.

Cote : 42 500$
Prix de vente : 80 000$

ex Sevenoaks, collection Alan B. Whitman

Le vendeur recense 17 blocs neufs du n° 1. Celui-ci possède de légers plis verticaux, causés par la gomme qui a tendance à sécher et craquer. Il faisait originellement partie d'un bloc de six :

États-Unis n° 1, bloc de six
Mis en vente par Siegel Auction Galleries, vente aux enchères n° 799 du 09.05.1998, lot n° 1.

Cote : 43 500$
Valeur estimée : 7500 à 10 000$
Prix de vente : 11 000$

 
collection Sevenoaks

Dans la description de ce bloc, le vendeur mentionnait un léger aminci sur le cinquième timbre.

Transportons-nous maintenant de New-York à Houston, où la « plus importante » maison de vente au monde se lance dans le marché philatélique après une absence de 15 ans. Par hasard, on retrouve dans la vente inaugurale un autre superbe exemplaire du n° 1 :

États-Unis n° 1, superbe jumbo
Mis en vente par Heritage Auction Galleries, vente aux enchères n° 1106 du 05.02.2009, lot n° 31007.

Prix de départ : 50 000$
Valeur estimée : 100 000$
Prix de vente : 60 000$

ex Newbury

Laissons la parole au vendeur qui sait si bien vanter sa marchandise :

#1a, 1847, 5c Dark Brown, SUP 98J PSE. (Original Gum - Previously Hinged). Bottom right sheet corner margin single, Position 100R, believed to be the unique mint example that unquestionably proves its plate position. Outstanding in stature, this important stamp is ex-Newbury (1962, Lot 521 where this stamp sold for $800), and boasts an overall freshness and quality that makes it a prime focus for the crème-de-la-crème of collections. Aside from the simply monstrous margins right and bottom as a result of the sheet margins, this beauty sports large to huge margins top and left. Sumptuous color that has hardly, if at all, been affected by its 160+ years, on what is clearly bluish paper, with original gum that has been but extremely lightly kissed at the top by previous hinging, and shows what appears to be a small spot of short gumming at the bottom center well below the stamp. Of particular interest is that considering how delicate and porous the paper used for this issue is by nature, this exquisite masterpiece is sound, say for only trivial tiny specks of gum penetration are evident... a far cry less than could, or even should be expected. A truly Superb showpiece that will likely not be seen in the marketplace again for many a year to come. PSE - Graded Certificate. While this is but one of the two highest graded examples (as of 10/08), its uniqueness places it in a class of its own... Estimate: $100,000 - up.


vendredi 23 janvier 2009

Les étiquettes des bobines de fil de coton

À quoi pouvait bien ressembler les étiquettes qu'on trouvait sur les bobines de fils de coton ? Et surtout, quel est le rapport avec la philatélie ?

Mis en vente par Spink, vente aux enchères n° 9003 du 22.01.2009, lot n° 17.

Valeur estimée : 26 000 à 28 000£
Prix de vente : 26 000£

ex Ferrari

C'est le premier juillet 1850 que le service postal de la Guyane Britannique mis en place par l'Angleterre démarre. Seul problème, la métropole n'a pas fait parvenir de timbres à la colonie. L'intendant des postes se rend donc à l'imprimerie du Royal Gazette de Georgetown pour faire imprimer quelques « étiquettes » qui serviront en attendant l'arrivée des premiers véritables timbres, en 1852.

Le motif imprimé consiste en un cercle sur le pourtour duquel est écrit BRITISH GUIANA et au centre la valeur de l'affranchissement en italique, ici 4 cents. L'exemplaire ci-haut est frappé d'une oblitération circulaire et comporte une mention manuscrite, EDW, initiales du postier E. D. Wight.

L'exemplaire illustré ici est en excellente condition et est de forme carrée. Les collectionneurs attachent une grande importance à ce que le timbre ne soit pas découpé en un cercle ou un octogone, ce qui est souvent le cas.

Il ne reste plus qu'à faire le lien avec les bobines de fil... Le motif de ces timbres ressemblerait aux étiquettes de vente qu'on posait sur les bobines de fil de coton. Ces timbres se sont donc vus affubler de l'épithète « cotton reels ».

mercredi 21 janvier 2009

Timbres d'épargne de guerre

Au lendemain de la première guerre mondiale, les États belligérants pansent leurs plaies, humaines et économiques. Le Canada, même si le conflit s'est déroulé loin de ses terres, a apporté sa modeste mais néanmoins importante participation aux forces alliés. Les Canadiens laissent 67 000 morts sur le champ de bataille, soit 1% de la population.

Voici une affiche invitant les Canadiens à contribuer à la reconstruction économique du pays après la guerre :


On y voit un timbre d'épargne de guerre, d'un coût de 4$ en 1919 et pouvant être échangé contre la somme de 5$ en 1924. Il semble cependant qu'on ne pouvait pas acheter directement ce timbre mais qu'il fallait d'abord acheter 16 timbres à 25¢ pour les échanger contre le timbre de 4$. J'imagine que cette méthode permettait aux ménages modestes d'accumuler sur une période plus ou moins longue la somme requise. Peut-être servait-elle aussi à maximiser le rendement pour le prêteur; en effet il devait certainement y avoir des épargnants qui achetaient quelques timbres à 25¢ avant d'abandonner pour une raison ou une autre avant d'avoir atteint le montant de 4$, ce qui constituait donc un bénéfice net pour l'état.

Voici l'un de ces timbres d'épargne à 25¢ :

Mis en vente par H.R. Harmer, vente aux enchères n° 2990 du 21.01.2009, lot n° 2625.

Valeur estimée : 1500 à 2000$
Prix de vente : 1200$

collection « Mont-Royal »

Le timbre est neuf, sans gomme, plutôt mal redentelé à droite, et déchiré à gauche. Il est surprenant qu'un timbre fiscal dans cette condition vaille aussi cher. La réponse est simple; on ne connaîtrait aujourd'hui que quelques exemplaires de ce timbre. Ainsi, il y aurait plus d'exemplaires illustrés sur l'affiche que d'exemplaires aujourd'hui connus ? Voilà qui serait pour le moins inhabituel...

Le même existe avec légende anglaise (tout comme l'affiche d'ailleurs) mais est beaucoup plus commun que la version française. Les québécois ont-ils tous échangés leurs timbres contre de la monnaie sonnante et trébuchante ou ont-ils simplement moins contribué à l'effort économique ?

Mise à jour du 5 mars 2009

Voici un livret d'épargne incomplet qui illustre la façon dont ces timbres pouvaient être utilisés :

Mis en vente par Ron Leith Philatelic Auctions, vente aux enchères n° 41 du 21.03.2009, lot n° 2029.

Cote : 260$
Valeur estimée : 250$

Seuls quatre timbres (en version langue anglaise) sur seize ont été collés par un épargnant anonyme. Ce dernier a donc perdu 1,00$, sauf bien sûr s'il a revendu le tout à un philatéliste...

jeudi 15 janvier 2009

Les premiers timbres de Terre-Neuve

La première série de timbre de Terre-Neuve a, comme la plupart des premières émissions un peu partout dans le monde, fait l'objet de plusieurs tirages. On distingue aisément trois tirages, le premier de 1857, le deuxième de 1860 et le troisième de 1861, par la couleur des timbres de 2, 4, 6, 6½, 8 et 12 pence qui passe de vermillon écarlate à orange puis rose.

Du premier tirage, les timbres de 1, 3 et 5 pence, qui ont une forme différente des autres timbres de la série, sont relativement commun, tout comme le timbre de 8 pence. Les cinq autres valeurs sont particulièrement rares et ont dénombre vraisemblablement de quelques centaines à un millier d'exemplaires.

Les multiples en revanche sont extrêmement rares. Par coïncidence, trois paires de ces timbres sont offerts ce mois-ci, une à Ottawa et deux à Londres :

Mis en vente par Spink, vente aux enchères n° 9003 du 22.01.2009, lot n° 258.

Cote : 11 000£
Valeur estimée : 5500 à 6000£
Prix de vente : 5000£

Mis en vente par Sparks Auctions, vente aux enchères n° 3 du 13.01.2009, lot n° 891.

Cotes : 7500$, 8000$ et 5000£
Prix de vente : 3200$

Mis en vente par Siegel Auction Galleries, vente aux enchères n° 949 du 14.12.2007, lot n° 1253

Cote : 6000$
Prix de vente : 2100$

ex Dale, Carey-Fox, Pratt

Mis en vente par Spink, vente aux enchères n° 9003 du 22.01.2009, lot n° 259.

Cote : 7000£
Valeur estimée : 3400 à 3600£
Prix de vente : 3200£

Mis en vente par Siegel Auction Galleries, vente aux enchères n° 579 du 29.04.1981, lot n° 595.

Cote : 4000$
Prix de vente : 4250$

ex Lichtenstein

La première paire, verticale, est pliée au centre, tout juste au-dessus du timbre du bas.

La deuxième paire, malgré des marges un peu serrées, est intègre. Il est important de noter que c'est le seul multiple connu de ce timbre. Elle est illustrée dans le livre de Pratt consacré aux premiers timbres de Terre-Neuve.

La troisième paire est superbe d'apparence mais possède deux petits défauts, un aminci et un léger pli sur le timbre de gauche. On la retrouve dans une vente 28 ans plus tôt, ce qui permet de constater que sa valeur n'a pas particulièrement augmenté en comparaison avec d'autres timbres.

mercredi 14 janvier 2009

Grèce, pli premier jour

C'est le 1er octobre 1861 que les premiers timbres de Grèce sont mis en circulation. Les premières impressions sont réalisées à Paris. Les timbres sont ornés de l'effigie du dieu Hermès, dans un cadre identique à celui des premiers timbres de France, ce qui n'est pas étonnant, le dessinateur-graveur des timbres grecs étant le fils de celui des timbres Français.

Voici une lettre ayant voyagé ce premier jour d'utilisation des timbres-poste :

Mis en vente par A. Karamitsos, vente aux enchères n° 312 du 07.02.2009, lot n° 44.

Prix de départ : 35 000€
Prix de vente : Invendu

Cette lettre, postée de ΙΒΡΑΙΛΑ (ΒΛΑΧΙΑ) a mis 12 jours pour se rendre à ΣΠΕΤΣΑΙ. Malheureusement ma connaissance du grec se limite aux lettres utilisées en mathématique; cependant il semble que la ville de destination soit la petite île de Spetses, située près de la Grèce continentale, à un peu moins de 100 km du port d'Athènes.

Elle est affranchie au montant de 2x80 + 40 = 200 leptas, soit deux drachmes. L'oblitération rectangulaire contient les mots ΠΛΗΡ./ΑΝΕΠΑΡΚΗΣ, ce qui pourrait vouloir dire affranchissement insuffisant. Faut-il en conclure que la lettre a été postée ce jour-là sans affranchissement par habitude et qu'elle a ensuite été taxée ? Il faudrait un spécialiste pour nous répondre...



samedi 10 janvier 2009

MonTimbraMoi il y a 150 ans

Transportons-nous dans la colonie britannique du Nouveau-Brunswick en 1860, quelques années avant son rattachement au Canada.

À l'époque, l'honorable Charles Connell est un personnage politique important du Nouveau-Brunswick. Il est membre de l'assemblée législative depuis 1846 et est nommé intendant des postes en 1859. Cependant, il n'occupera ce poste qu'une seule année, pour la raison que l'on va voir.

Comme les autres colonies britanniques d'Amérique du nord, le Nouveau-Brunswick se prépare à troquer la monnaie anglaise par une monnaie décimal, basée sur les dollars et les cents. L'intendant commande donc à l'American Bank Note Company une nouvelle série de timbre pour remplacer la précédente. Cette série comprendra les valeurs 1¢, 5¢, 10¢, 12½¢ et 17¢, qui correspondent aux tarifs de l'époque.

Charles Connell s'implique personnellement dans le design des timbres et fait même un déplacement à New York pour l'occasion. Le tout est gardé secret jusqu'à ce que les timbres soient reçus au Nouveau-Brunswick à la fin avril. C'est le début du scandale :

Le timbre de Charles Connell
Mis en vente par Sparks Auctions, vente aux enchères n° 3 du 13.01.2009, lot n° 864.

Cote : 6000$, 6000£
Cote : 12 000$
Prix de vente : 2500$

Le timbre de 1¢ est orné d'une locomotive (c'est d'ailleurs le premier au monde), celui de 10¢ du protrait de la reine, celui de 12½¢ d'un transatlantique et celui de 17¢, qui arrivera un peu plus tard, du portrait du prince de Galles. Le timbre de 5¢ quant à lui est orné d'un portrait de Connell lui-même ! On évoque un crime de lèse-majesté et on reproche à l'intendant des postes sa vanité. L'affaire fait grand bruit.

Le gouverneur général tranche le 8 mai : les timbres de la série peuvent être émis, sauf le 5¢, qui doit être réimprimé avec le portrait de la reine Victoria. L'intendant des postes remet sa démission, qui est acceptée. Il ramène chez lui « son » timbre et brûlent presque toutes les feuilles.

Il en aurait offert une à chacune de ses filles, qui les auraient détruites, histoire d'oublier la honte qui venait de s'abattre sur la famille. Cependant, quelques dizaines d'exemplaires (on estime qu'environ 75 exemplaires auraient survécus jusqu'à nous) échapperont à la destruction et sont aujourd'hui, avec les nombreuses épreuves, un témoignage amusant des premiers pas de la philatélie et de l'épineux problème du choix des émissions.

Malgré le scandale provoqué à l'époque, il semble que la carrière politique de Charles Connell se soit poursuivie sans encombre jusqu'à sa mort en 1873. Charles Connell n'a jamais offert d'explication pour son geste, ne l'a jamais revendiqué mais n'a pas rejeter la faute sur une tierce personne non plus. Toujours est-il qu'aujourd'hui il fait partie de l'histoire de la philatélie...

L'exemplaire illustré ci-haut est typique de la condition dans laquelle on retrouve les exemplaires véritables. Séparé au ciseau, sans gomme, avec de petits défauts. Celui-ci porte en plus une fausse oblitération, aucun exemplaire n'ayant voyagé par le système postal officiel.

Voici un autre exemplaire offert à la vente, un peu plus joli que le précédent mais réparé sur les deux côtés :

Le timbre de Charles Connell
Mis en vente par Vance Auctions Ltd, vente sur offre n° 265 se terminant le 22.01.2009, lot n° 5062.

Cote : 7500$
Prix de vente : Inconnu

Finalement, s'il faut remplir la case de l'album, peut-être vaut-il mieux se procurer une épreuve et la denteler :

Le timbre de Charles Connell
Mis en vente par Sparks Auctions, vente aux enchères n° 3 du 13.01.2009, lot n°  861.

Cote : 300$
Prix de vente : 230$

ex Hatfield

Cependant attention, l'intendant des postes vous a à l'oeil !