samedi 25 décembre 2010

Le premier timbre de Noël ?

Les premiers timbres commémoratifs étant apparus à la toute fin du dix-neuvième siècle, et l'un d'entre eux est généralement considéré comme le premier timbre de Noël :

https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgHlillRUcHul98VPWMJnWdFlbx8dF9C8ZrGisSqNgn1EhHpudLR9iCk-GnHp3CO3iocf90lhcoVkKxOus9ojZrK65AZcHE11P1LKdafpmA4s7W89TmqzIRIFdsqACjr2S21WwW_TmIkkB2/s400/25-12-2010-1.jpg

Mis en vente par Vance Auctions Ltd, vente sur offres n° 279 du 26.01.2011, lot n° 5438.


Cote : 170$
Valeur estimée : 100$

Le timbre représente une mappemonde sur laquelle les pays du Commonwealth sont coloriés en rouge. Quel rapport avec Noël ? Aucun, si ce n'est l'inscription « XMAS 1898 » au bas de la mappemonde. En fait, le timbre ne commémore pas Noël mais l'instauration, à partir du 25 décembre 1898, d'un tarif universel d'un pence pour tous les états de l'empire britannique, dont le Canada fait partie. Tous les états ? Non, l'Australie et la Nouvelle-Zélande devront attendre quelques années de plus... Ce tarif unique ne survivra pas aux soubresauts économiques induits par la première guerre mondiale.

Ce timbre sera émis à environ 16 000 000 d'exemplaires; il est donc loin d'être rare. Il est de trois couleurs, un fond noir, les océans dans des teintes diverses de bleu et les pays du Commonwealth en rouge. Il semblerait que les deux couleurs étaient imprimés par lithographie, ce qui implique trois passages pour l'impression du timbre, ce qui donnera évidemment lieu à de multiples variétés amusantes, les couleurs et les océans étant plus ou moins bien alignés. Ce timbre est représenté par deux numéros distincts dans le catalogue Scott; les autorités postales ayant décidé « d'améliorer » la couleur des océans. En fait, on distingue très facilement quatre couleurs pour les océans.

Les deux paires ci-haut sont tout ce qu'il y a de plus normales, si ce n'est le numéro de planche dans la marge supérieure.

Joyeux Noël, avec quelques minutes de retard... !

dimanche 12 décembre 2010

Le détroit des Dardanelles

Le détroit des Dardanelles, c'est ça :

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Il s'agit d'un long bras de mer d'une soixantaine de kilomètre de long qui relie la mer Méditerranée à la mer Noire, via la petite mer de Marmara. Il est donc situé à l'extrémité occidentale de la Turquie. Inutile de dire que le contrôle de ce bras de mer est stratégique pour le contrôle de tout le trafic maritime desservant l'Asie mineure. 

Les forces alliées l'avaient bien compris et durant la première guerre mondiale, elles tenteront de ravir le contrôle de ce détroit à l'Empire ottoman, ce qui est plus simple à dire qu'à faire. Effectivement, les forces alliées s'y casseront les dents, l'opération étant un échec complet où près de 500 000 hommes perdront la vie. Il est d'ailleurs remarquable vu la configuration des lieux et vu le fait que les alliés durent faire un débarquement que les partes des Ottomans furent presque aussi élevées que celle des assaillants.

Ce n'est pas la première grande bataille qui eu lieu à cet endroit puisque qu'il y a un peu plus de 24 siècles la flotte athénienne y fut réduite en morceaux, ce qui mit fin à la guerre du Péloponnèse. Je vous recommande d'ailleurs la lecture du récit de Thucydide, Histoire de la guerre du Péloponnèse, publié entre autres dans la collection Bouquins de Robert Laffont. Je suppose que Churchill et les stratèges alliés connaissaient l'histoire et les risques liés à cette opération et pourtant je ne peux m'empêcher de penser que si leur génération avait autant jouer que la nôtre aux jeux de stratégie temps réel, la bataille de 1915 aurait été bien différente...

https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh2WRDHdS6Osc7rZbOxXMD1nnelyVSDlGMx2vsGLdbpnEM28irHW4UMwarI1PZs0s6bc2WI1coO8w1JduLakxeeyuTbzq5CwjhS7hzyQtIy9g8u2gBl6aByxWriCX63G0l74Duxy7Ea6PPf/s400/11-12-2010-7.jpg

Passons à la philatélie et examinons ce bloc de six timbres russes surchargés de la mention « Dardanelles 35 piastres » :

https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiwE4EW4sYqUolJMYdU8__imot7Jh__-JQSYc3Tv0k_jO9CMpt8DWR9rZCSYRi5TuRN4kc9HfzoMj5cppaREbyP8VIHgEVZhZwfnUWBai7-Fpk-kNNKtooxz2AeDz2nuAxBmflnaDew7hM3/s640/11-12-2010-3.jpg

Mis en vente par Cherrystone Philatelic Auctioneers, vente aux enchères du 16.12.2010, lot n° 2320


Cote : 50 000€
Prix indicatif : 30 000$
Prix de vente : Invendu

Au début du XXème siècle, l'empire Ottoman est en fin de vie et diverses puissances y possèdent des comptoirs postaux, dont la Russie. Cette dernière surcharge donc divers timbres avec le nom de villes ou régions de l'actuelle Turquie, dont les Dardanelles. 

Regardez bien ce bloc de six, en particulier le timbre de droite dans la rangée centrale. Le cadre est inversé ! Il est toujours intéressant de pouvoir admirer ces variétés au sein d'un bloc. Le timbre russe sans surcharge est également connu avec cadre inversé; cette erreur n'est donc pas propre aux exemplaires surchargés. Cette variété existe également à l'état oblitéré :

https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgSQj_DEmTLS089vS28kDNL0OKi1aFnpC3fI3KbRUjQGGUH9r_5c2ssQ58R1LSXxdy8mvWqw8vpjHotDnJI1Av5wukbHF2y7SlUYb8T4ws3sBUnyRFZ4P2ZYw3ClGkL8GLRUeEGu_euKHSw/s400/11-12-2010-4.jpg

Mis en vente par Cherrystone Philatelic Auctioneers, vente aux enchères du 16.12.2010, lot n° 2321


Prix indicatif : 10 000$
Prix de vente : Invendu

Mises à jour : Inverted Jenny position 22, une paire du premier vol transatlantique ne trouve pas preneur et un double de Genève sur lettre.

vendredi 10 décembre 2010

L'État indépendant du Congo

Comme le titre ne l'indique pas, l'État indépendant du Congo est un territoire (qui correspond à l'actuelle République démocratique du Congo) qui fut administré et géré par le roi des Belges, Léopold II, à la fin du dix-neuvième siècle. Cependant, l'administration de ce roi consista plus ou moins à laisser les grandes compagnies d'exploitation réduire la population en semi-esclavage, ce qui conduisit, après des débats et tractations difficiles, à l'annexion du Congo par la Belgique, en 1908.

Une collection spécialisée étant actuellement offerte sur le marché, j'en ai profité pour découvrir un peu ce domaine qui m'était totalement étranger. Après une première série à l'effigie du roi Léopold II, vient une deuxième série qui me plaît beaucoup. Elle dépeint des paysages et des scènes de la vie congolaise, en noir dans un cadre de couleur, très travaillé. La série sera reprise après les évènements politiques de 1908, en remplaçant « État indépendant du Congo » par « Congo belge ». Voici une feuille complète de l'un de ces timbres :

https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhu_q-57P3jL0W5N6_Yh7JnxkA4iJnOJmrBiKxuJ8jAB3_G8ItOK1JAU_dz6JaNoMqmIeOSdvveKJsNbjQNNHClyt53RYVyY5KGVbmPqIbWXwFfeHVf9BdoYEJor_nO7Pso77I6PUroFUkU/s640/10-12-2010-1.jpg
Mis en vente par Postzegelveilingen Van Looy & Van Looy, vente aux enchères publique n° 133 du 17.12.2010, lot n° 105.

Cote : 15 500€
Prix de départ : 2000€
Prix de vente : 5600€

Cette feuille neuve est l'une des 464 feuilles qui ont été imprimées, pour un total de 23 200 exemplaires, ce qui n'est pas beaucoup ! Il est remarquable qu'il soit encore possible d'en trouver une feuille complète aujourd'hui. 

En recherchant des informations sur divers timbres offerts dans la vente, je suis tombé sur une véritable mine d'information sur la philatélie du Congo belge, que je vous invite à découvrir en suivant le lien si le domaine vous intéresse.

mercredi 1 décembre 2010

Le timbre qui n'existait pas

Si par hasard vous trouviez le timbre du Portugal suivant, vous viendriez de dénicher une véritable rareté :

https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgwfrNUBfLLsNujjVnbNFM6u8mxg9MxzbQRXOJkrC5CsL33S7k1SBtLE1ZqRPPN2eRgkgJ5nkbAejk4PTJxVlKmxhusWapX4Ok4qk2Y6Uq_XLy4a6NK58169eLgIkM5Wh17IFTVOh_J_mK-/s800/01-12-2010-1.jpg

Mis en vente par Spink, vente aux enchères publique n° 1034 du 09.12.2010, lot n° 2043.

Valeur estimée : 20 000 à 25 000€
Prix de vente : Invendu

 

A première vue, il n'a rien de particulier. Bien que le vendeur ne le précise pas, il semble qu'il soit déchiré et renforcé dans la marge de gauche. Il est neuf, avec une partie de sa gomme originale, et possède un certificat d'authenticité. Le seul problème ? Ce timbre n'existe pas.

En effet, il suffit d'ouvrir n'importe quel catalogue de timbres du Portugal pour constater que la série de timbres émise de 1870 à 1884 à l'effigie de Louis 1er du Portugal (je vous passe son nom complet, qui doit bien comporter une quinzaine de prénoms !) ne possède pas de valeur de 500 reis. On a beau chercher parmi les treize valeurs, les trois types de papier, les quatre tailles de dentelure, les différentes couleurs, les surcharges de 1893, les deux réimpressions, les épreuves, rien.

Il s'agit en fait d'un timbre non émis qui, à la différence de certains timbres français, ne figure pas au catalogue. Le fait qu'il n'y en ait qu'un seul exemplaire connu n'aide certainement pas ! Il aurait été préparé pour servir à l'affranchissement de télégrammes. Il est offert à la vente, parmi une exceptionnelle collection d'épreuves de timbres portugais. D'ailleurs, cette collection comporte tellement d'items non répertoriés par le catalogue spécialisé « Provas e Ensaios de Portugal e Colónais » que le catalogue de vente servira longtemps de référence pour les collectionneurs de ce domaine.

Mise à jour du 26 décembre 2010

Cette vente semble avoir été un échec, seuls 84 lots sur près de 500 ont trouvé preneur, pour un total de 31 315€. Peut-être s'agissait-il d'une collection trop spécialisée...

dimanche 28 novembre 2010

Une paire oblitérée du 1fr vermillon

Il y a moins d'un mois qu'on parlait la dernière fois du 1fr vermillon sur ce blog, pour mentionner l'existence d'une variété « à la barbiche ». La paire que nous présentons aujourd'hui ne mérite un article que grâce à une coïncidence fortuite, l'offre simultanée de deux paires du 1fr vermillon.

Dominique, blogueur prolifique, nous a déjà présenté la première de ces deux paires :

https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEidxM3pRhas-si3zREa1vj3h3gWubr2MjYm5jIp-C9gosz52yt7qkQUolIHN0BFF0RhpFsIPbIjWRhePNTrTuS3RezhuNaT2JpE0RUGLvhF_pB0J3upUOzdCacJsu0SG5iIH8ULMwssXyr0/s400/28-11-2010-1.jpg

Mis en vente par Behr Philatélie, vente sur offres n° 11 se terminant le 08.12.2010, lot n° 227.

 

Cote : 85 000€
Prix de départ : 40 000€
Prix de vente : 42 775€

Le vendeur précise qu'il s'agit d'une paire superbe du vermillon vif et qu'il existe moins de cinq paires de ce timbre. Passons sur le « superbe » qui est franchement optimiste et revenons sur les cinq paires. Moins de cinq, c'est trois ou quatre ? Je dirais que ce n'est pas possible, il y a en forcément plus.

Déjà il y a en au moins deux puisque hasard du calendrier une seconde paire vient tout juste d'être vendue à Genève :

https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg-KKd5ER5fEF1-27gJMkwq7GtspWtxUVNCsV6rX42Wx_L1efUyelXgjsTBzMxGMJj5qkHpFVdPKaBr5PbVRSZf36E0O65PyOfey0WocCdYc1nb3EOeuvqOao9CZsBPeImgSo6dWWZ0lq2K/s800/28-11-2010-2.jpg

Mis en vente par David Feldman SA, vente aux enchères publique du 19.11.2010, lot n° 20010.

 

Valeur estimée : 18 000€
Prix de vente : 18 000€

Il s'agit d'une paire vermillon foncé, à mon humble avis plus jolie que la précédente. On a donc deux paires oblitérées. Pour ne pas dépasser quatre, il faut omettre les paires neuves, les paires oblitérées sur lettres (on en connaît au moins trois, dont une est illustrée sur ce blog) ainsi que la bande de quatre sur fragment de lettre. Et que dire de l'énorme bloc de 32 timbres oblitérés du 1fr vermillon terne qui a été découpé il y 75 ans ?

Bref, on va dire qu'il n'y a pas plus de quatre paires du 1fr vermillon vif oblitéré et là ça devrait être bon !

samedi 20 novembre 2010

Les timbres en argent de « The Franklin Mint »

Parfois, sur eBay et consorts, apparaissent des timbres en argent. Le vendeur prend en général soin de faire un scan ou une photo de près, ce qui permet de constater que la réalisation est d'une certaine finesse et qu'il ne s'agit donc pas d'une production clandestine. D'où viennent ces timbres ?

Parfois des administrations postales, comme la Marianne de l'Europe en argent émise par La Poste, mais le plus souvent, il s'agit de « lingots » émis il y a une trentaine d'année par The Franklin Mint, une SARL fondée en 1964 en Pennsylvanie. Cette compagnie crée et vend une énorme panoplie d'objets de collection, dont des pièces et lingots divers. A la fin des années 1970 et au début des années 1980, elle émet entre autres au moins trois collections qui concernent les timbres, pour le compte de l'International Society of Postmasters (je ne sais pas s'il s'agit d'une entité distincte ou d'une marque de commerce de la compagnie) :

  1. En 1977, une collection des 50 timbres les plus célèbres du monde. Chaque « timbre » en argent sterling pèse environ 10g.
  2. En 1979, une collection des 73 premiers timbres du monde, en argent plaqué or. Ils sont offerts sur abonnement, au rythme de un par mois, pour un montant « garanti » de 19,50$, soit environ 50$ en monnaie d'aujourd'hui.
  3. En 1981, une collection des 100 timbres les plus célèbres du monde. Les « timbres » sont beaucoup plus petits que ceux de la première série et sont vendus comme miniatures. Ces miniatures étaient vendues au prix de 4,75$ chacune.

Ces objets de collection n'ont aucune valeur philatélique; d'ailleurs la compagnie ne s'y est pas trompée puisqu'on retrouve des publicités pour ces timbres dans Popular Mechanics, qui n'est pas spécialement un magazine destiné à des philatélistes :

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https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgr-hx17fRDKBWnsRGR_nFPGfdJFvUJQX3RwDBlJPvWDHJwWSBioKq5p9HJ1RT9zmFD7EOJsc5qsGTwViDyg_CPIwRRG_vl28vV4LEVD52_rbJE4RDJfx2-XKxiUKg0m9yfAM4ZCmvoBt4x/s800/20-11-2010-2.jpg

Les mots surlignés en jaune sont le résultat de la recherche sur Google. 

Combien valent ces timbres aujourd'hui ? Leur valeur philatélique est nulle; leur valeur en tant qu'objet de collection l'est presque autant. Il ne reste plus que la valeur d'agrément (après tout il est parfaitement légitime de trouver ces objets « beaux ») et leur éventuelle valeur en tant que métal, le cours de l'argent étant sujet, comme celui de nombreux autres métaux, à de brusqus flambées de spéculation.

J'attire l'attention du lecteur sur le fait que ces objets sont souvent présentés comme un investissement sûr justement parce qu'ils sont composés d'argent. Il faut d'abord savoir qu'il s'agit d'argent sterling, donc à priori à 92,5% et qu'il faudrait que les temps économiques soient particulièrement difficiles pour qu'on veuille fondre ces pièces pour en récupérer l'argent. Pour investir dans ce métal précieux, il vaut mieux acheter des parts d'un trust stockant des lingots d'argent, comme celui-ci ou éventuellement spéculer à l'aide de produits dérivés.

Bref, pour environ 150$ il est possible d'acheter la collection complète de miniatures. La collection de 50 timbres en argent est un peu plus chère, mais on pouvait la trouver à partir de 200$ il y a deux ans, ce qui était globalement la valeur des 500g d'argent contenu dans la collection. Depuis, le cours de l'argent a presque doublé donc il serait logique qu'il faille débourser plus pour obtenir cette collection. Il n'est pas rare de voir des pièces individuelles de ces collections offertes sur des sites de vente tels ebay, pour de prix de départ allant jusqu'à 50$, sans que je sache si elles trouvent preneur ou pas à ce prix.

vendredi 12 novembre 2010

Les dents du castor

Puisque que de très nombreux exemplaires viennent d'être vendus et qu'il s'agit d'un timbre que je trouve particulièrement intéressant, attardons-nous une fois encore sur le premier timbre du Canada, le castor. On distingue en général quatre émissions :

Années Détails Cote
1 1851-1852 Trois pence non dentelé, papier vergé 1150$
4 1852-1858 Trois pence non dentelé, papier vélin 240$
12 1859 Trois pence, dentelé, papier vélin 1000$
15 1859-1868 Cinq cents, dentelé, papier vélin 37,50$

Les cotes sont celles du catalogue Scott 2009 et sont données en dollars américains. Nous allons concentrer notre attention sur le n° 12, le trois pence dentelé, qui sera rapidement remplacé par son homologue de cinq cents, le Canada ayant adopté en 1859 la monnaie qu'elle utilise encore aujourd'hui, le dollar. Les premiers timbres dentelés sont donc plus rares que les non-dentelés en raison de leur période d'utilisation plus courte. De plus, les marges entre les différents timbres d'une planches étant insuffisamment large, les dentelures sur ces premiers timbres amputent très souvent le dessin.

Étant donné cet état de fait, il est inévitable que des petits malins transforment des n° 4 en n° 12 :

https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiB1tFxj39IeDDhQZ29oWb11xiq84sKasNuE33nD6sbhN9Rxt8aO8PP5_Ohso9thv2975A_bwkT3K8DkDPcp0t8MAvzJRWEKh7PunT1fTsyNlivkGQ7nUhI49w1OqjHmRbILDvV71BcSug0/s400/12-11-2010-1.jpg
Mis en vente par Sparks Auctions, vente aux enchères publique n° 7 du 08.11.2010, lot n° 154.

Cote : 400$
Prix de vente: 110$

Collection Healy Pass

A première vue, il s'agit d'un très bel exemplaire du n° 12. Cependant, il y a un premier indice qui doit nous faire douter, c'est que la pointe de toutes les dents est rigoureusement droite, comme si le timbre avais été séparé de ces voisins à coups de ciseaux. Cet indice, qui n'est pas en soi une preuve, nous pousse à examiner plus en détails les dentlures. On aperçoit alors des irrégularités manifestes (soulignées ou encerclées en vert par l'auteur de ce blog) qui ne sont pas typiques des dentelures de l'époque, comme on peut le constater sur un exemplaire normal :

https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh6lQB2S0dd7LF31v4rBcZpVqGNuB3TpbSXmti2lUd7ZAs0AcvrnmiaEZNMRzUyVNB3ASjdywPpwoEVhWe0NFxkwYCn6e4H94iQRPdgiyesCEK-38fqzkfbSMwaXfL4oq2qkXS6d2BI63Vd/s400/12-11-2010-2.jpg
Mis en vente par Sparks Auctions, vente aux enchères publique n° 7 du 08.11.2010, lot n° 162.

Cote : 1100$
Prix de vente: 400$

Collection Healy Pass

D'ailleurs, on remarquera sur cet exemplaire que les cinq premières dents sur le côté gauche sont également coupées au ciseau. Cependant, tous les interstices ont rigoureusement la même forme, la même profondeur, le même espacement.

Le plus cocasse dans cette histoire de fausse dentelure c'est que le faussaire a fait une grave erreur qui n'est pas visible sur le scan : il a redentelé un n° 1 sur papier vergé plutôt qu'un n° 4 sur papier vélin ! « A true philatelic crime » selon le vendeur. Une grosse bêtise à mon avis, sauf si le faussaire a pu faire gober à un collectionneur qu'il s'agissait d'une pièce unique et qu'un dentelé sur papier vergé était extrêmement rare...

Que faire avec ce timbre maintenant ? On peut l'édenter pour le retransformer en n° 1, au prix de marges qui seront alors inexistantes. On peut le conserver tel quel, il paraît quand même bien. Pour être honnête, il faudrait peut-être le marquer au dos, par exemple d'un « F » à l'encre, pour attirer l'attention des futurs acquéreurs. Cependant, personnellement, je n'aime pas par principe « dégrader » un objet ancien et du coup si par hasard il avait atterri dans ma collection, je pense que je le conserverait tel quel.

jeudi 11 novembre 2010

Évaluer un timbre du dix-neuvième siècle

Une question qui revient sans cesse dans le monde de la philatélie est « Quelle est la valeur de ce timbre ? ».  Le néophyte n'est pas aidé par les catalogues qui proposent des cotes qui sont largement supérieure à la valeur des timbres. De plus, le rapport entre la cote et la valeur d'un timbre dépend du catalogue de cotation (certains éditeurs fournissent des cotes plus réalistes que d'autres) et de la période à laquelle le timbre a été émis. Les choses se compliquent pour les timbres classiques du dix-neuvième siècle car la qualité de l'exemplaire a une énorme influence sur sa valeur réelle. Certains catalogues donnent deux ou trois cotes en fonction de la qualité; une division par deux de la cote entre chaque catégorie est un bon point de départ.

Une image valant mille mots, considérons un exemple concret, le premier timbre du Canada, émis à partir de 1851 :

 https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjKQfqaRxzd7zGrPmfkhVNL6IVWmP-OafJf12pEL7Etwrd9fTa-5mPMKvwib84c5_L6ey33smT60trX_aDO2l3OWVJ49GPzhL-l_RADsX2QQnv7IBhKwyyZ1LwOoasI7rInb20nyfiuoelV/s800/11-11-2010-1.jpg
Mis en vente par Sparks Auctions, vente aux enchères publique n° 7 du 08.11.2010, lot n° 35.

Cote : 350$
Prix de vente: 350$

Collection Healy Pass

Pour être plus précis, il s'agit d'un exemplaire sur papier vélin de couleur rouge foncé, émis entre 1852 et 1857. Ce timbre de 3 pence n'est pas rare (contrairement au 12 pence) car c'était le tarif lettre de l'époque. L'exemplaire illustré ci-haut est en excellent état pour les raisons suivantes :

  • Il n'y a aucun pli, aminci ou autre défaut de papier, ce qui est bien sûr difficile à évaluer sur un scan; on doit s'en remettre au vendeur.
  • Il possède quatre larges marges relativement égales. Au-delà de l'absence de défaut, c'est un critère très important dans la détermination de la valeur du timbre. On verra plus loin l'influence que peut avoir se point à priori anodin.
  • Sa couleur est vive et l'impression est claire et détaillée. Les amateurs de variétés et les spécialistes d'une émission rechercheront les variétés de teintes ou les impressions moins précises ou abîmées mais les collectionneurs généralistes préféreront la netteté. 
  • L'oblitération est délicate et ne masque pas le motif. Il est fréquent que les oblitérations soient appliquées grossièrement, soient peu lisibles et maculent le timbre d'un surplus d'encre noir flou. Encore une fois, les collectionneurs généralistes préféreront une oblitération claire, lisible mais en même temps discrète.
  • Ce timbre est en général frappé de l'une des deux oblitérations suivantes : sept anneaux concentriques ou un nombre entouré de quatre anneaux concentriques. Cet exemplaire est frappé d'un 21 entouré de quatre anneau. Ce nombre était celui utilisé par les bureaux de poste de Montréal, c'est donc le plus courant, Montréal étant à l'époque la ville la plus importante du Canada. Il n'y a donc pas de rareté particulière pour ce type d'oblitération.

En conséquence, ce timbre fut âprement disputé lors de la vente puisque lors de la mise à prix, le commissaire-priseur annonça qu'il avait déjà cinq mises (de cinq acheteurs potentiels donc) à 325$, ce qui est exceptionnel; on a rarement autant d'acheteurs qui sont prêt à débourser exactement le même prix. Cependant, l'un d'entre eux étant présent à la vente (via une session internet live), le timbre fut adjugé pour 350$.

Ce qu'on peut d'ores et déjà constater, c'est que le prix de vente est exactement la valeur de la cote, ce qui montre bien que cette dernière est largement surévaluée puisqu'il faut qu'un exemplaire exceptionnel soit offert pour qu'elle soit atteinte.

Dans cette vente, il y avait plus de 150 exemplaires de ce timbre offerts puisque qu'une collection spécialisée était dispersée. Voyons deux autres exemplaires pour mieux comprendre comment de petites différences peuvent jouer sur la valeur du timbre :

https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgbZ8XgKRFEWP5tXCL50HElvC9bwnYKWUyq3qys-A6GrLLgyKPlCYjI528L-mQ5Z2fTv6c8c2rPFzbcx9HU7rSXXRun3c3hR5ZXGaHJNDqQC0a-_Kutgu24YbE4FpPVVEekcEWM3HVDqsjN/s800/11-11-2010-2.jpg
Mis en vente par Sparks Auctions, vente aux enchères publique n° 7 du 08.11.2010, lot n° 25.

Cote : 350$
Prix de vente: 95$

Collection Healy Pass

Ce timbre possède toutes les même qualités que le précédent, à une exception, la marge de droite est coupée plus serrée. Ce petit détail a amputé les deux tiers de la valeur du timbre ! Cet exemplaire est néanmoins plus représentatif de la valeur réelle de ce timbre; la valeur atteinte par le premier présenté dans ce billet est exceptionnelle.

https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhrDdPt53QzV0E7o_32y4VIavVYNbhVVIgqsQfb6JcP3YSC7Rm8tdxWVumi9DjWNr0HSLO2DG1eUycp4dPxsWOQ0J7PHdWFZDYlrTJrMm8m8tTkgnYpyqbbhwlpWxjPpggyXdMF6jRibnU7/s800/11-11-2010-3.jpg
Mis en vente par Sparks Auctions, vente aux enchères publique n° 7 du 08.11.2010, lot n° 24.

Cote : 400$
Prix de vente: 70$

Collection Healy Pass

La cote de ce troisième exemplaire mérite quelques explications. Il s'agit d'un exemplaire sur papier nervuré (ribbed en anglais), qui cote 800$ pour un exemplaire en bonne qualité et 400$ pour un exemplaire de qualité moyenne, qui est le cas de celui-ci. L'oblitération discrète de Brockville, une jolie impression et les inscriptions marginales à droite ne suffisent pas à compenser les défauts : un aminci, des marges inexistantes sur deux côtés, une déchirure  en haut qui impacte négativement le regard. Ce timbre s'est donc vendu moins d'un dixième de sa cote maximale.

Peut-on tirer une conclusion de ses trois exemples ? Pas nécessairement mais on peut donner un guide général aux collectionneurs néophytes qui souhaitent évaluer leurs timbres classiques :

Qualité Cote Remarques
Exceptionnelle 100% Timbres exceptionnels, larges marges égales, impression claire, oblitération précise, couleur fraîche, papier impeccable. Ces exemplaires doivent être achetés auprès de tiers de confiance.
Très bonne 50% Timbres en très bonne voire excellente condition qui auraient un ou deux détails infimes qui les empêchent d'être exceptionnels, comme une oblitération un peu plus lourde, une marge moins droite, un détail qui choque l'oeil aguerri.
Bonne 25% Timbres en bonne condition qui ne présente à priori aucun défaut mais dont les marges sont un peu serrées, la couleur un peu moins fraîche, etc. Il y a très peu de timbres offerts par des particuliers qui sont supérieurs à cette catégorie.
Usuelle 10% La plupart des exemplaires sont dans cette catégorie; un ou plusieurs petits défauts de papier, un pli, aussi petit soit-il, le design coupé sur un côté, une oblitération maculant le timbre... tous ces détails font perdre énormément de valeur par rapport à un exemplaire parfait.

Ce tableau n'est qu'un guide général et ne doit pas être pris à la lettre pour tous les timbres classique; diverses caractéristiques font certains timbres sont plus ou moins souvent rencontrés en bonne ou mauvaise condition (les timbres communs sont souvent en meilleure condition; les mauvais exemplaires ayant simplement été jetés au fil des années). Il constitue cependant une bonne base pour avoir une idée de la valeur d'un timbre.

dimanche 7 novembre 2010

La barbiche de Cérès sur le 1fr vermillon

Le monsieur avec la barbiche sur les premiers timbres français, c'est Napoléon III, et c'est en 1852 (et en 1853 la mention Répub[lique] franç[aise] est remplacé par Empire Franc) pas en 1849. En 1849, les tous premiers timbres portent l'effigie d'un jeune homme d'une déesse grecque portant une couronne d'épis dans les cheveux, ainsi qu'un grappe de raisins.

Il arrive cependant que la barbiche de l'empereur soit parfois présente au menton de la déesse :

 https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEib_QBbzmLrnhhH2PXldqb3Xkjfunj7FFAP27x2nJksTwOQj_-HEj4JLyDeVwmS7km5mwgvL_lEDUqLvQm2W1jdnPJMQnN7TEZPEa6P1hgD9Hi9rQiRywWR5K5CF2zD5VfZ7O_eZB5DtNQ1/s800/07-11-2010-1.jpg
Mis en vente par David Feldman SA, vente aux enchères publique du 19.11.2010, lot n° 20014.

Valeur estimée : 80 000€
Prix de vente : 75 000€

Il semblerait que cette variété plutôt spectaculaire soit une dégradation progressive de l'un des clichés de la planche. Lequel ? Le cliché du tête-bêche ! En effet, en position 34 ou 35, je n'arrive plus à retrouver, on a le tête-bêche et sur une des rares paires connues, on a sur l'un des timbres cette variété « à la barbichette ».

Le vendeur précise que le timbre est neuf avec légère charnière, qu'il s'agit de la teinte vermillon foncé qu'il y a des marges blanches tout autour (c'est quand même très serré en bas !) et que la variété est beaucoup plus marqué que sur l'autre exemplaire connu. Voyons cet autre exemplaire :

 https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi7_u48dwtDaa_soOtitZR59guWbdxBQp4AKDAIOmCxTFkSWAaeJLHg_naGUDBW8b7uRUDLGOWBMZy8-I2XAHGJBPxIgu28UsYVY_tqNYlGgRcR8xmN01szQLf716QMFtUNl9EZgJQ4yXgH/s800/07-11-2010-2.jpg
Mis en vente par Spink, vente aux enchères publique du 17.11.2003, lot n° 77.

Valeur estimée : 35 000€ à 50 000€
Prix de vente : Inconnu

Collection Lafayette

Ce timbre est superbe d'apparence mais possède un très léger aminci et quelques petites taches de rouille dans la marge. On peut constater que la barbichette est différente du premier exemplaire illustré dans ce billet. Il s'agit d'un vermillon terne, la seule nuance sur laquelle cette erreur avait été constatée d'après le vendeur. Eh bien, ce n'est plus le cas !

Mises à jour : Une lettre postée de Paris le 4 janvier 1849 et une lettre postée de Guadeloupe affranchies de timbres français.

jeudi 28 octobre 2010

La République socialiste fédérative soviétique de Russie à Berlin

Mais qu'est-ce que cette république ? C'est l'une des 15 républiques soviétiques qui formera l'URSS. C'est même la principale puisqu'elle correspond en gros à la Russie d'aujourd'hui. Transportons-nous dans le Berlin tourmenté de la République de Weimar, c'est-à-dire l'Allemagne après la première guerre mondiale et avant l'avènement d'Hitler.

Nous sommes à l'été 1922 et le ministre des affaires étrangères Walther Rathenau vient d'être assassiné, pour la plus grand colère des Berlinois. Ce ministre était l'un des négociateurs du traité de Rappalo, signé cette même année entre l'Allemagne et l'URSS, traité qui scellait la collaboration diplomatique, commerciale et militaire entre les deux grandes puissances. L'Allemagne enverra donc ses soldats s'entraîner en Russie, histoire de contourner les traités de paix signés avec les nations victorieuses, dont la fait partie la France.

Quel rapport avec la philatélie ? Dans l'immédiat aucun mais ça fait une belle introduction ! La RSFSR possède une ambassade à Berlin et, pour une raison que j'ignore, cette dernière décide de surcharger des timbres fiscaux (dans le cas qui nous intéresse des timbres servant à régler les frais consulaires) afin de les utiliser sur le courrier à destination de Moscou. Le consulat crée donc une surcharge de 12 et 24 marks qu'elle appose sur des timbres fiscaux de 2,25 et 3 roubles. Dans son élan, elle crée également des surcharges de 120, 600 et 1200 marks, cette dernière qu'elle appose sur quatre timbres différents. A quoi ça sert tout ça ? Aucune idée, seules les deux plus petites valeurs ayant semble-t-il été utilisées. Voici l'une des raretés de ce tirage :

https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEihCtMKObV4vavy7_xN9z82xupKCywgfh5i6EuCaq62zXCVsCjasJi6ItMGTOXWgsWoUGPikDf86-fpC7VQ0HVQRfBudKdguS5bpLYtzCTUlsssE24_mvzF7eszrcav4eDVAaZHzvXw0yR9/s800/28-10-2010-1.jpg
https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj3M4Zfsrb0Fb1CwWGxRmvVkv8iTgcP61DoE53QBrXWjpO6ry5aEEZWyn0Nmah11LOs2Ty7xHHDndunw16cXqNMZXWYdoQIfSR3uBLn4iqiBN-qR-_Lorxbm7pp3Eh25cvmRviDGJ2gdFHI/s800/28-10-2010-2.jpg

Mis en vente par Cherrystone Philatelic Auctionneers, vente aux enchères publique du 09.11.2010, lot n° 1586.

 

Prix indicatif : 300 000$

Valeur estimée : 300 000 à 400 000$

Prix de vente : Invendu

Il s'agit de la surcharge de 1200 marks sur un timbre de 50 kopecks. Seules deux feuilles de 50 timbres ont été ainsi surchargées. Le prix est néanmoins élevé pour un timbre connu à 100 exemplaires, surtout pour une surcharge sur un timbre fiscal. 

Le piège, c'est qu'en distingue cinq types (quasi-identiques) de surcharge en fonction de la forme des lettres. La distinction ne doit pas être si évidente que ça, mon catalogue Scott mentionnant trois types de surcharge... Bref, ce type V n'apparaît qu'à une position dans la feuille, la position 13, et donc qu'il n'y a que deux exemplaires de ce timbre, d'où sa valeur estimée au moins cinq fois supérieure aux prix atteints par d'autres exemplaires de ce timbre vendus dans dans les dernières années.

Une question philosophique pour toi collectionneur : le planchage de ce timbre semble être déterminé. Ainsi, puisque chacune des positions n'est représentée que par deux exemplaires, pourquoi payer plus cher pour celle-ci simplement parce que la forme d'une des lettres (le C) est très légèrement différente ?

Un dernier petit mot. Le vendeur nous offre un scan du verso du timbre, où l'on peut voir que toute une panoplie d'experts se sont empressés de laisser leur marque au dos du timbre, dont Romeko à Paris et Mikulski en Suisse, qui a également signé un certificat d'authenticité en 1985.

Mise à jour : La tentative de vol transatlantique de Martinsyde, Raynham et Morgan, une enveloppe qui ne se vend pas.

dimanche 24 octobre 2010

La Gaspésie à l'honneur : un timbre provisoire unique et controversé

Certains de mes lecteurs connaissent peut-être les « postmaster's provisionals » des États-Unis. Il s'agit de timbres non officiels émis par les responsables de certains bureaux de poste pour pallier à une bizarrerie administrative. En effet, l'administration postale met en place le principe du timbre-poste... sans fournir de timbres-poste aux bureaux de postes. Ces derniers se débrouillent comme ils peuvent et créent ce qui ressemble fort à des timbres.

Ce que je viens de découvrir en feuilletant le catalogue de la vente de novembre de David Feldman, c'est qu'il existe un tel « timbre » au Canada :

https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgudmmmMJ7lv7v7Gf3rYMDAS62cwPw8zpBN2w2g-0m4Srr-gX0vPjUONIpnMldpvO3GKQyn-zknJkDR6YnNE84Za0-oIXdyfKpdVtwIjO1vpvjiEYCYEbx6vNefgddeGvdPgqG-g3SgFsYa/s800/24-10-2010-1.jpg

Mis en vente par David Feldman SA, vente aux enchères publique du 17.10.2010, lot n° 60018.

 

Valeur estimée : 250 000 à 350 000€
Prix de vente : 280 000€

 

ex Ferrary, Burrus, collection « Consort »

Il s'agit d'une enveloppe datée du 7 avril 1851, postée de New Carlisle, une ville de Gaspésie au Québec, adressée à un certain Hugh Miller à Toronto. En haut à droite, le « timbre » de trois pence, le tarif simple en vigueur depuis le 6 avril 1851. Au dos un cachet d'arrivée daté du 16 avril. Sur le côté, en surimpression, la mention manuscrite Letter, R. W. Kelly, April 1851, vraisemblablement apposée par le destinataire, peut-être à des fins de classement.

Le 6 avril 1851, l'administration postale est transférée à l'administration britannique (rappelons que le Canada était une colonie...), un tarif unique de 3 pence payé par l'expéditeur entre en vigueur mais les premiers timbres ne seront disponibles qu'à la fin du mois. On suppose donc que le responsable de la poste de la petite ville de New Carlisle a créé ce timbre provisoire destiné à être utilisé durant le mois d'avril 1851.

En 1904, cette lettre est découverte par la communauté philatélique, par un certain E. B. Greenshields de Montréal, qui sollicite divers avis, dont celui de Donald King, postier et marchand de timbres à Halifax. C'est en contactant les autorités postales qu'il apprend que R. W. Kelly était le postier-maître à New Carlisle, au moins de 1851 (début des registres) à 1855. Il est donc vraisemblable qu'il ait été l'expéditeur de cette lettre. De plus, le village de New Carlisle a été fondé par des loyalistes, ces sujets britanniques qui ont fui les États-Unis à la suite de la guerre d'indépendance. Notre postier avait donc peut-être vu des correspondances ornées des timbres provisoires américains. Jusque là tout se tient.

Notre lettre unique rejoint la célèbre collection du comte de Ferrary puis celle de Maurice Burrus, qui la conservera pendant quatre décennies. En 1985 et 1986, la lettre est soumise à expertise et les deux certificats obtenus mentionnent que « la lettre semble authentique mais que son émission n'a pas été autorisée par l'administration postale » et que la lettre « est authentique, autant qu'on puisse en juger vu son unicité ». Ces informations sont tirées du catalogue du vendeur qui souligne les mots « authentique » et « unicité ». Le vendeur poursuit en précisant que récemment Sergio Sismondo a émis un autre certificat beaucoup plus détaillé et qui précise entre autre que l'écriture manuscrite a bien été apposée après le timbre et qu'il n'y a eu sur cette lettre aucune autre marque postale qui aurait été effacée. Le vendeur conclut donc qu'il s'agit d'une authentique émission provisoire, que l'exemplaire offert à la vente est unique et que bien sûr il est indispensable pour tout collectionneur qui voudrait avoir la meilleure collection consacrée au Canada...

Cependant, s'en suit un autre paragraphe dans le catalogue de vente qui justifie qu'il s'agit vraiment d'une émission provisoire. Pourquoi tant d'insistance ? Une petite recherche s'impose...

Finalement, la vérité est un peu plus nuancée. Les spécialistes ne semblent pas tous d'accord sur la question. En 2003, alors que le catalogue Scott pense ajouter cet item à ses cotes, des voix discordantes s'élèvent, il ne s'agirait peut-être que d'une inscription personnalisée et non d'une véritable émission provisoire. Quelle différence ? Je dirais aucune mais dans un cas, la valorisation est cent fois inférieure ! D'ailleurs, je n'ai pas trouvé trace de cote dans le catalogue Scott 2009, même si le vendeur affirme que c'est la première entrée de la section Canada. Là où ça fait mal, c'est que le très sérieux Fake, Forgeries & Experts a publié le résultat de la recherche effectuée par la non moins sérieuse Vincent Graves Greene Philatelic Research Foundation et que leur conclusion est qu'il ne s'agit pas d'une émission provisoire... C'est bizarre, le vendeur ne mentionne pas cette étude !

Au détour d'une page web, on apprend également que Sergio Sismondo aurait affirmé qu'il était « curateur » de cette pièce philatélique et qu'il avait pour objectif de l'exposer le plus possible pour la faire connaître. Rien à dire sur cette technique marketing de bonne guerre, cependant Sergio Sismondo est également l'émetteur du certificat sur lequel le vendeur base son argumentation.

Quoi qu'il en soit, il s'agit d'une pièce particulièrement intéressante de la philatélie canadienne mais à mon humble avis, des hommes d'affaires avisés tente de la commercialiser pour en obtenir un prix qu'il est difficile de justifier.

samedi 16 octobre 2010

Cocorico !

Il n'y a pas que les Américains, les Britanniques ou les Suisses qui peuvent se vanter d'avoir des timbres rares dont les prix défient l'imagination :

https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhLkXPxfosvcXguDjyE9kCXnCamUjX9GiCOhfQGkDldCGi8B63LRhjHIrbmaMuYspfauuMzLbmRnAFm1Myjc4nW3-ZQiz99e5bP9nFX2uK_GFnGREwWz_pmIn2HvLKLfRUWh3ATMQvVjdzN/s800/16-10-2010-1.jpg

Mis en vente par Boule philatélie, vente aux enchères du 16.10.2010, lot n° 36.

Valeur estimée : 300 000 à 350 000€

Prix de vente : Inconnu

Mis en vente par Spink le 17.11.2003, lot n° 90

Valeur estimée : 200 000 à 275 000€

Prix de vente : 240 000€

ex Champion, collection « Lafayette »


Inutile de préciser qu'il s'agit d'un tête-bête du 80 centimes carmin à l'effigie de Napoléon III, vous l'aurez reconnu. La description de cette pièce est spartiate : « France, 1853-1860, 80c carmin en paire tête-bêche neuve avec gomme. Unique paire tête-bêche connue, grande rareté de la collection de France classique. » 

Pourquoi si peu de détails ? Ce n'est quand même pas tous les jours qu'une pièce unique est offerte à la vente ! Unique ? En fait pas vraiment, il y a également des paires tête-bêche oblitérées. Il y a en même plusieurs sur lettres... Il s'agit cependant de la seule telle paire à l'état neuf. Elle a été découverte par le marchand Théodore Champion (le premier à ouvrir boutique sur la rue Drouot à Paris) dans les années 1930.

Je termine en observant que lors de la vente de 2003, le timbre était décrit comme neuf avec gomme partielle (et non complète et intègre comme on pourrait naïvement le supposer) et que le scan très précis semble indiquer qu'il y ait un léger froissement du papier du timbre supérieur mais il peut s'agir d'un artifice; le vendeur ne mentionnant rien à ce sujet.

jeudi 10 juin 2010

Une véritable rareté ou une variété sans grand intérêt ?

C'est en « feuilletant » virtuellement un catalogue de vente aux enchères que je suis tombé sur le timbre suivant, dont le prix m'apparut exorbitant :

https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiELYLNULWXTs-EkcmiE5E-BIwp6-yhFcYfuYcaMmz3xe9cb4rWWHCxlguICEEv3MJx8GyGtVvlSJKFnmwi2cVYz-qU8ihyQIZozM7XV6jy9DYqeCTo1CautDjLOIGFP6wjPd_-mSnAe9ek/s400/10-06-2010-1.jpg

Mis en vente par Cherrystone Philatelic Auctioneers, vente aux enchères du 09.06.2010, lot n° 892.

 

Cote : 150 000€

Prix indicatif : 100 000$

Prix de vente : 110 000$

 

ex Mikulski, Denisenko

Il s'agit d'un timbre de 7 roubles, émis en 1889 par la Russie, dans sa version dentelée 13½. Alors, pourquoi un tel prix ? La couleur noire serait imprimée deux fois, une erreur qui ne serait connue qu'à deux exemplaires.

Néanmoins, ce genre d'erreur n'atteint en général pas de tels prix. J'ouvre mon catalogue Scott, datant de 2002, qui liste bien ce timbre et lui donne une valeur de... 275$ ! A ce moment, je me dis qu'il doit y avoir quelque chose qui m'échappe. En consultant la version 2009 de ce même catalogue, surprise, cette variété cote maintenant 28 000$. Voilà ma foi une belle plus-value. Je n'ai pas d'explication pour une telle augmentation, ni même pour le fait que le catalogue Liapine choisi par le vendeur lui donne une cote 6x plus élevée.

Le timbre est accompagné d'un certificat d'authenticité daté de 2003, émis par Mikulski, expert de la philatélie russe qui habite en Suisse. D'après le vendeur, ce timbre a d'ailleurs précédemment appartenu à ce même Mikulski. Peut-être a-t-il découvert les deux exemplaires de cette « variété » avant de faire du lobbying pour qu'elle soit reconnue par les catalogues philatéliques, afin de centupler sa valeur ? Peut-être aussi que les oligarques russes ont vraiment trop d'argent ?

Personnellement, si j'avais un tel montant à ma disposition, je ne le consacrerais certainement pas à ce timbre.

dimanche 6 juin 2010

L'Attleboro Stamp Company

Attleboro est une petite ville du Massachusetts, aujourd'hui une banlieue de la ville de Providence. En 1909, un marchand philatélique, F. Percy Collingwood, propriétaire de l'Attleboro Stamp Company, lance une gazette philatélique éphémère nommée avec beaucoup d'originalité The Attleboro Philatelist. Ces informations seraient probablement aujourd'hui reléguées aux oubliettes de l'histoire si ce philatéliste n'avait pas créé sa propre « dentelure » afin d'affranchir ses courriers promotionnels à ses clients :

https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhThyphenhyphenVG652UpkEYEUMmcYqURKABRm0oQ0i4YLXtp1dUojw8Bw9Lnogcqx2hnDmNPl12eZDmGCx0ab1gjG0rIRAgcHd_ri4CqQ5Jnq2jt-43ZbEfovAydmKxStKMO54_Dl49ms4GTtK8eySC/s400/06-06-2010-1.jpg

Mis en vente par Robert A. Siegel Auction Galleries Inc., vente aux enchères n° 990 du 22.06.2010, lot n° 780.

 

Prix indicatif : 3650$

Prix de vente : 800$

Ces timbres sont restés des curiosités connues des seuls spécialistes jusqu'à leur entrée au catalogue Scott en 1991. On retrouve cette dentelure (très fragile comme vous pouvez vous l'imaginer) sur le 1c Benjamin Franklin vert de 1908-1909 et sur le timbre illustré ci-haut. On connaît également une seule et unique paire du 2c Benjamin Franklin carmin.

Les seuls exemplaires oblitérés connus aujourd'hui portent tous l'oblitération ovale de la ville d'Attleboro et tous les exemplaires sur lettres proviennent des bureaux de l'Attelboro Stamp Company, comme celui-ci, sur la bande d'adresse (« wrapper » en anglais) du premier exemplaire de l'Attleboro Philatelist :

https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjhxm4fo95BT-geSrdN6Rz56WLr1QBJwPctJR8LfvTe9jPDNIoz3Q70-Pe8wgHlst4sBM3jrMtS2EyNwF6kXByXyWegOq0cR7hd9gTorc3UnhNeuIzUMAaNLU0PHzOIDq1oB9S-CMNu258w/s400/06-06-2010-2.jpg

Mis en vente par Robert A. Siegel Auction Galleries Inc., vente aux enchères n° 990 du 22.06.2010, lot n° 778.

 

Prix indicatif : 5550$

Prix de vente : 3500$

dimanche 30 mai 2010

Sainte-Lucie, et vous appelez ça un timbre ?

Sainte-Lucie est une petite île des Caraïbes longtemps disputée entre les Français et les Anglais. Ces derniers ont pris définitivement le contrôle de l'île au début du dix-neuvième siècle. Peuplée en majorité de descendants d'esclaves, on y parle surtout le créole et l'île est aujourd'hui connue comme paradis fiscal...

Au niveau philatélique, les premiers timbres sont typiques d'une colonie anglaise et les plus récents se fondent dans l'immense masse de timbres émis par les micro-états des Antilles. Voici cependant une feuille complète du premier timbre « à percevoir », émis en 1931 :

https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgS9i0QvaiPcF7Wzz0ml8zBhBJo2yL503pjy9nTPm81sSBkeCG2k5EbbQd9XUz6UEdqqlckMf1osngBi_p4u37I1EU0kuXmTWDsZRXQru_i4TrcNBro1mjX0O0PniETuGwVmyopcXnFn3Bq/s400/29-05-2010-1.jpg

Mis en vente par R. Maresch & Son, vente aux enchères n° 457 du 16.06.2010, lot n° 1792.

Cote : 6733£

Prix de vente : 4000$

Cette feuille complète de 60 exemplaires nous permet de constater que chacun des timbres porte un numéro de série manifestement imprimé à la main. On ne peut que prendre en pitié le pauvre clerc qui a du les imprimer un par un... Cette tâche ennuyante et rébarbative donne évidemment lieu à tout un tas d'erreurs. 

Par exemple, dans la cinquième colonne, on peut voir en pâle, sous les nombres 7154 et 7155 les valeurs 7153 et 7154. On imagine que le clerc a simplement oublié d'incrémenter le chiffre des unités et qu'après avoir imprimé le 7154 il s'est rendu compte qu'il y avait deux fois le 7153. Il a alors rectifié en effaçant tant bien que mal son erreur. Idem pour 7170 par dessus 7169 en plus pâle. Le 7165 est également intéressant. Imprimé trop haut, ce nombre a été imprimé une deuxième fois mais avec un tampon différent. On imagine cette fois que l'imprécision a été vue plus tard et qu'une autre personne a rectifié le tir en réimprimant le n° de contrôle avec le tampon qu'il avait sous la main, qui était différent de l'original.

Je ne sais pas si le tirage total de ce « timbre » a été inférieur à 10 000 unités (je l'espère pour celui qui devait imprimer les numéros de série !) mais il ne vaut aujourd'hui qu'une poignée de dollars, à l'état neuf. Rarement offert oblitéré, il est probable qu'une très faible partie du stock a été utilisé à l'époque et que les surplus ont été écoulés auprès des philatélistes.

Néanmoins, cette feuille (et celle du 2d offerte dans la même vente) est une belle addition pour toute collection spécialisée dans les « Postage Due ».

jeudi 20 mai 2010

Le timbre plus cher du monde exposé à Londres

Si plus d'un timbre se disputent le titre du timbre le plus rare (ce sont tous les timbres ou plus précisément toutes les variétés de timbre connus à un seul exemplaire), la palme du plus cher revient sans conteste à ce timbre de Suède :

https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjBu8wkCx4SZGZw_H6mSsergWBLb6rmmc6T1MD1UhIkN9lBCi8EfqGBpK4-YI2OXgksHOs_nvALxMBMDyYRA1Scnpnb_NkaibHgF_Ug1qQiN2d2r1gNm2NgJOGpjYEDaxyAczrUBvmAfTMA/s400/18-05-2010-1.jpg

Mis en vente par David Feldman SA, vente aux enchères privée du 22.05.2010, seul et unique lot.

Valeur estimée : 1 500 000 à 2 000 000€

Prix de vente : Inconnu

ex Ferrary, Carol II de Roumanie, Berlingen

Récemment exposé à Londres dans le cadre de l'exposition internationale décennale de Londres qui s'est terminée le 15 juin, ce timbre sera offert dans une vente aux enchères privée à Genève, le 22 mai 2010. Seuls les acheteurs potentiels seront admis et devront s'engager à

  1. Ne pas divulguer le nom des personnes présentes;
  2. Ne pas divulguer le nom de l'acheteur;
  3. Ne pas divulguer le prix de vente.

L'acheteur du timbre, qui sera vendu sans prix de réserve, pourra faire connaître les détails de la transaction s'il le souhaite. Tout ce qu'on sait, c'est que cet acheteur devra acquitter des frais de transaction de 19,5%, ainsi que la taxe de vente de 7,6% s'il est Suisse.

La valeur estimée est raisonnable au regard du prix atteint par ce timbre en 1996, 2 875 000 francs suisses (sans qu'il soit précisé si ce montant inclus ou non les frais de vente). D'ailleurs c'est la quatrième fois que David Feldman SA met ce timbre aux enchères (977 500 F en 1984, près du double en 1990 et le triple en 1996).

À Londres, le timbre était exposé... sous un escalier ! Bien seul dans un écrin, loin de la foule, un garde de sécurité assis à moins d'un mètre, et surtout quatre panneaux d'explications que je me suis empressé de lire et qu'on retrouve dans le catalogue de vente, disponible en téléchargement sur le site du vendeur. C'est d'ailleurs de ce catalogue que je tire la majorité des informations de ce billet.

Mais au fait, pourquoi ce timbre est-il rare ? Il s'agit d'une erreur de couleur; le timbre de 3 skilling banco est normalement vert alors que la couleur jaune orange était réservée au timbre de 8 skilling banco. C'est le seul exemplaire qui ait été découvert.

Pourquoi ce timbre est-il si cher ? Son authenticité ne fait aujourd'hui aucun doute et surtout ce timbre est une véritable star à l'histoire mouvementée, ce qui n'est pas le cas de tous les timbres uniques.

Commençons donc pas le commencement. La Suède émet ses premiers timbres en 1855, une série de cinq timbres représentant les armoiries royales. Chacun de ces timbres fera l'objet de plusieurs tirages qui sont aujourd'hui très bien documentés (j'ai d'ailleurs pu voir à Londres une magnifique collection spécialisée du 4 skilling banco et discuter avec le collectionneur qui me l'a présentée plus en détails). Le timbre qui nous intéresse a été oblitéré le 13 juillet 1857, à Nya Kopparberget, une petite ville du centre de la Suède fondée au XVIIème siècle près d'un riche gisement de cuivre. Sur le site de la ville, on apprends même que le 13 juillet est aujourd'hui le « jour du treskilling » au cours duquel il y a diverses animations dont un lever de drapeau à l'effigie du fameux timbre ci-haut !

En 1885, un adolescent du nom de Georg Wilhelm Backman décolle de la correspondance familiale conservée par sa grand-mère plusieurs timbres, dont l'exemplaire ci-haut, qui aurait été utilisé par Olof Leopold Sillén, un botaniste suédois, dans une lettre à destination de Per Wilhelm Sillén, grand-père de notre jeune adolescent. Le timbre en poche, l'adolescent le présente au marchand Heinrich Lichtenstein, qui promettait une somme allant jusqu'à 7 couronnes pour des exemplaires du 3 ou du 24 skilling banco, ces deux timbres étant été émis à moins de 200 000 exemplaires. Quelle ne fut pas la surprise du marchand de voir cet exemplaire jaune orange plutôt que vert ! Le jeune homme eu ses 7 couronnes... et le marchand 4000 gulden neuf ans plus tard, une somme colossale.

En 1917, le baron Philippe de la Renotière von Ferrary, l'acheteur du timbre en 1894, décède et lègue sa collection à l'état allemand. Cependant, les Allemands perdent la guerre et les Français, fort du traité de Versailles, liquident à leur profit l'extraordinaire collection du baron. Après avoir changé de main plusieurs fois, le timbre rejoint en 1937 la collection du roi Charles II de Roumanie. Durant la deuxième guerre mondiale, il est exilé et trouve refuge au Portugal, où sa collection de timbres lui permettra d'être à l'abri de la gêne.

Durant le deuxième moitié du vingtième siècle, le timbre est largement médiatisé. L'appellation Treskilling Yellow est aujourd'hui une marque déposée ! Toute cette agitation autour d'un timbre unique a bien évidemment soulevé des soupçons sur l'authenticité de la chose. Déclaré faux par un groupe d'expert en 1974-75, une étude poussée conclut à son authenticité en 1975. Les preuves irréfutables sont :

  1. Les archives postales, qui nous apprennent que Nya Kopparberget fait partie des villes qui ont reçu un tirage particulier du 8 skilling banco à l'été 1857.
  2. L'examen détaillé du timbre et des ses caractéristiques (couleur, impression, papier) qui correspondent exactement à celles du tirage susmentionné.
  3. Une diffractométrie à rayons X, qui prouve que l'encre est bien celle du timbre de 8 skilling.

Il s'agit donc bel et bien d'une erreur authentique; un cliché du 3 skilling a été introduit par erreur dans la planche du 8 skilling, quelques feuilles ont été imprimées puis distribuées aux bureaux de poste avant que l'erreur en soit rectifiée.

À 0,02675 grammes, ce bout de papier vaut aujourd'hui au moins 50 milliards d'euro le kilo ! Il peut être à vous samedi... pas mal pour impressionner les copains !

samedi 1 mai 2010

MonTimbraMoi, où l'art de transformer une bonne idée en galère

MonTimbraMoi, c'est la possibilité offerte par La Poste de créer des timbres personnalisés, à priori une excellente idée. Le philatéliste qui croyait encore pouvoir s'offrir un exemplaire de chaque timbre émis (223 timbres différents pour la France en 2009 ?) doit donc accepter l'évidence, ce n'est plus possible, ni même intéressant. On pourra toujours ergoter et soutenir qu'il ne faut collectionner qu'un seul exemplaire de chaque type de timbre personnalisé (le type étant plus ou moins défini par la couleur du cadre et les autres caractéristiques d'impression) mais quel collectionneur peut être vraiment convaincu que l'illustration d'un timbre n'a plus d'importance ?

Bref, laissons de côté les philatélistes et passons plutôt du côté de l'utilisateur de ce service, c'est à dire un citoyen lambda qui est très heureux de pouvoir créer son propre timbre. Pour créer un timbre avec une photo de son dernier-né pour envoyer à toute la famille, MonTimbraMoi, c'est parfait. Cependant, votre chroniqueur souhaitait faire un peu mieux et créer une véritable mise en page mettant en valeur le sujet qu'il avait choisi pour illustrer son timbre personnalisé. Et c'est là que les ennuis commencent...

N'arrivant pas à créer la mise en page que je souhaitais, j'ai consulté la FAQ du site et j'y ai appris que 

Votre image doit impérativement être au format JPG et d'un poids maximum de 4 Méga-octet. Votre photo doit avoir une résolution d’au moins 400 dpi afin de garantir une bonne qualité d’impression des timbres. En dessous, nous ne saurons garantir la netteté de l’impression. Les dimensions minimales de la photo doivent être de 368 x 528 pixels pour les timbres au format paysage, et de 528 x 368 pixels pour les timbres au format portrait. De plus nous ne pouvons traiter que des photos au format colorimétrique RVB, car les navigateurs internet ne savent pas gérer le format CMJN.

Attention : L'outil de recadrage rogne un bord tournant de 20 pixels. Si vous voulez que l'intégralité de votre sujet soit imprimé, vous devez ajouter un contour à votre image. Ses dimensions countour compris seront donc de 408 x 568 ou 568x408 pixels minimum.

Bon, suivons les instructions alors :

https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgP1JTaf-A9VImaLsTndwTH7ExVXFuCJL6va8PkWXxVmXWC_cbHUn843G5ptbL6fcFC5GxbTO3LzeeV8NjmY3HN9uavMUgmy7y0g-cimMnGk2r6Gvlqtzxm8hihB4tSO8uTk8Im8iGeF9H8/s800/12-04-2010-1.png

Cette photo fait 408x568, avec un cadre de 20 pixels (et d'ailleurs c'est un PNG et non un JPG, ça marche malgré ce que dit la FAQ). Après avoir téléchargé cette image, je passe à l'étape « mise en page » et là j'obtiens

https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiZ4nxPfRkR7G8uzYDrlLHlUbjHOkiLF78FMEjfIeTDCswd4PxcUP78Hwefnr1nVTR-3lNwtzs7H5acHp0RxVv3orR4SYfMZcko3M-ZUgDWk2EuOE8zBRVIO6pzmC3XWa3C8GMHa8AGg2uC/s800/12-04-2010-2.png

L'image n'est même pas centrée... Il y a bien des outils permettant de déplacer l'image ou de modifier sa taille mais toute modification fine est inutile car lorsque vous serez satisfait, vous cliquerez sur « Valider et prévisualiser ma composition » et malheureusement...

https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg22eDV3WtCk_fYL1WZxXqCzNLluPlvnaQd96R0vuArsqJibuxMIXL0rHbqgcC9p-7Y0RC7hZuJhA3ymmV8kbyre0qiH1JfDBDobUs4h35XJAQQC7LKefODiTjet5DUpoIUSdyZtfC3yeoU/s800/12-04-2010-3.png

... l'image n'est pas centrée correctement encore une fois, mais de façon différente ! C'est vraiment ridicule, n'importe quel développeur devrait être capable d'afficher une image à la bonne position ! La question qui se pose à l'utilisateur est donc de savoir comment son timbre sera imprimé, centré selon l'outil de mise en page ou centré selon la page de prévisualisation ? Vous remarquerez en passant que cette prévisualisation n'affiche pas le timbre tel qu'il sera imprimé puisqu'en effet il manque les informations ajoutées telles que « Lettre prioritaire 20g ». En effet, ce n'est qu'en commandant le timbre qu'on peut visualiser à quoi il ressemblera vraiment.

Commandons alors. Ah tiens, sur la page suivante on peut « enregistrer notre composition en haute résolution sur notre ordinateur ». Hop, c'est fait :

https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiPPmGzUrXHEQFh50OV-Po8Y8kSUWlE9CKxeYiA8FOYi9pT83MRb6Nb41xE2rfElJc0jX8pJRPFrn7s7UT2gfd1ewNcaHFbcMkr-tXHl5LNOM_xDN9Tb2pym2sM754ZlbYfo_zm4zbiXv4o/s800/12-04-2010-4.jpg

Catastrophe, le centrage est encore différent !!! Cette photo « haute résolution » est de taille 368x528, quelle que soit la résolution de votre image d'origine. De là on peut supposer qu'il est impossible de créer un timbre personnalisé avec une résolution supérieure, ce qui est quand même dommage pour les amateurs de détails. Les compositions finales étant conservées durant une durée limitée, le fait de pouvoir les télécharger est un plus (d'ailleurs, quelqu'un peut dire à La Poste qu'un disque dur de 1 To coûte aujourd'hui moins de 100€ et qu'on peut y sauvegarder... 1,5 millions de telles images ?).

Finalement, l'outil informatique mis à disposition du public étant inutilisable pour créer des compositions précises, j'ai abandonné mon idée initiale mais j'ai quand même créé mon timbre, en simplifiant ma mise en page pour qu'aucun élément ne dépende de sa position par rapport au bord de l'image :

https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj8wyDmGHgLCKHQTliS0Ztq7HCrooUavcaSaKzRp4UOFLWBn4FnQRKRcFh8mRLx0HbL-a1MFIQJwdK6HI7HchpIJnf8L7WkNLugY6e3EhukabqYfqef_E7QUoovShN1Xob06JfEFWZJY3UF/s800/12-04-2010-5.jpg

Il s'agit du détail d'une oeuvre d'une artiste qui m'est chère, et dont j'ai ajouté le nom en petits caractères au sein même de l'oeuvre.

Lorsque j'ai reçu ma commande (30 timbres France et 10 timbres Monde), j'ai été agréablement surpris par le coup d'oeil général et le packaging. Cependant, la technique d'impression m'a surpris; on voit un tramage désagréable (et dont une couleur, le bleu, déborde dans le haut du timbre) qui masque une partie des détails et qui rend l'image globalement floue.

En résumé, une idée intéressante mais dont la réalisation comporte de nombreux défauts qui rendent cette idée inutilisable pour des créations de haute qualité.

S'il y a des philatélistes qui lisent encore, parmi les 30+10 timbres, 23+10 ont été utilisés pour affranchir 19+12 enveloppes identiques, toutes postées le même jour du même bureau de poste. D'ailleurs, j'ai eu le privilège de pouvoir oblitérer moi-même les exemplaires avec le cachet à date du bureau de poste ! Si l'artiste devient célèbre peut-être ces lettres seront-elles très recherchées dans quelques dizaines d'année...

mardi 30 mars 2010

Une pause et une caricature

Les lecteurs de ce blog auront constaté que ce blog est plutôt inactif depuis près d'un an maintenant. Pour des raisons personnelles, j'ai mis la philatélie de côté mais pas d'inquiétude, ma passion demeure intacte ! Je reviendrai sur la toile un peu plus tard mais en attendant je ne peux résister à l'envie de vous faire partager cette admirable caricature de « Flock », qui ridiculise chaque semaine l'actualité informatique sur le site Clubic

https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhJag08ZqH1XZczC4xynffImLa9gCyn8TbBiPLHzlS1uX9UNs_YyOn6Xnh3b1Ah1TvyzB0a_nRSOE5QR3QY6vb-RdcTEFV6PoBrBUkx9tdmoE07lvK7W7seuS6-LTrPGVVuBZQcxcVsgbvb/s800/30-03-2010-1.jpg