jeudi 25 décembre 2008

Un faussaire du dimanche nous bricole une rareté pour Noël

C'est un participant assidu du newsgroup fr.rec.philatelie qui a fait une observation amusante que je reprends sur ce blog.

Voici d'abord un timbre relativement commun, le 10 centimes Napoléon III « lauré », de couleur bistre :

10 centimes Napoléon III
Mis en vente par frenchcovers sur ebay, vente aux enchères se terminant le 14.12.2008, lot n° 190272901135.

Prix de départ : 0,01€
Prix de vente : 44,94€

Cet exemplaire est neuf avec gomme. Le vendeur, dans un optimisme débridé, le qualifie de superbe. Une vente bien ordinaire qui serait passée totalement inaperçue s'il n'y avait pas eu, une semaine plus tard, le lot suivant d'offert à la vente :

10 centimes Napoléon III
Mis en vente par antoseka sur ebay, vente aux enchères se terminant le 27.12.2008, lot n° 130276902164.

Prix de départ : 1,00€
Prix de vente : 25,50€

Il s'agit d'un timbre non-émis, qui est numéroté par le catalogue Yvert & Tellier et qui est donc recherché par des collectionneurs qui autrement ne s'y seraient pas intéressés. Sans être rare, il est beaucoup moins commun que son homologue sans surcharge.

On se convaincra facilement que ce timbre est le même qui celui illustré en début d'article. En examinant les listings d'enchères sur ebay, on constate que l'acheteur du premier est le vendeur du second...

Le vendeur précise que le timbre est authentique mais que la surcharge n'est pas d'époque. On s'en doute, vu sa médiocre ressemblance avec l'original. Le procédé utilisé est probablement numérique, vu la pixellisation. Dans ce cas, pourquoi ne pas mieux reproduire l'original ?

Comme le fait remarquer un autre lecteur de fr.rec.philatelie, on ne peut que s'incliner devant un type qui « investit » 45 euros pour acheter un timbre qu'il bidouille si manifestement pour le reproposer ensuite à la vente à partir de un euro. Réussira-t-il à convaincre un acheteur ? Réponse dans quelques jours...


Mise à jour : Plus sérieusement, la détermination des types de surchage pour le vol du Columbia ainsi que l'ajout d'une page de références philatéliques accessibles sur la toile.

mercredi 17 décembre 2008

Un étonnant exemplaire du #1 de l'Île-du-Prince-Édouard sur ebay

Il y a tout juste deux semaines je présentais un timbre offert sur ebay sur lequel il était préférable de s'abstenir d'enchérir. En voici un autre :

Mis en vente par spoduck sur ebay jusqu'au 17.12.2008, lot n° 330292165032.

Prix de départ : 0,99$
Cote : 250$
Prix de vente : 27$

Le hic, c'est que le vendeur le décrit comme étant le n° 1 (numérotation Scott) alors qu'il s'agit d'un n° 5. La seule différence entre ces deux timbres est la dentelure; le premier est dentelé 9, le deuxième 12. Entre ces deux gradation, la différence est nettement visible à l'oeil nu. Une autre différence importante mais invisible cette fois, c'est que le premier vaut entre 25 et 100 fois plus que le deuxième !

Comme il peut s'agir d'une erreur de bonne foi, je l'ai signalé au vendeur, comme je l'ai déjà fait au moins une autre fois dans le passé dans exactement la même situation. Cependant, à la différence de l'autre vendeur qui avait rectifié le tir, celui-ci a ignoré ma remarque et laissé courir les enchères, qui, de façon surprenante, ont atteint un montant élevé considérant l'erreur manifeste.

Lecteur et collectionneur néophyte, soit vigilant !

Voici un exemple du n° 1 :

Île-du-Prince-Édouard, two pence
Mis en vente par Philosopher's Philately sur ebay jusqu'au 19.12.2008, lot n° 360115209389.

Cote : 600$
Prix de départ : 9,99$
Prix de vente : 104,01$


La description du vendeur est détaillée :

No cancel. No gum. This stamp has been freshly washed in plain water to remove old hinges and shreds of paper, and to reveal any hidden faults. There are two horizontal creases very close to the top edge, with a tiny 1mm closed tear below the W of Edward. The tip of the SW corner is thinned. No other faults or thins.

Malgré les (nombreux) défauts du timbre, l'acheteur peut enchérir en toute connaissance de cause.

À titre de comparaison, voici un exemplaire du n° 5, dentelé 12 :

Île-du-Prince-Édouard, two pence
Mis en vente par padstamps sur ebay jusqu'au 21.12.2008, lot n° 250343859869.

Prix de départ :
Prix de vente :

mardi 16 décembre 2008

Heligoland, l'effigie de la Reine Victoria et un destin tourmenté

La présence de l'effigie de la Reine Victoria sur des timbres de Heligoland, offerts dans une vente consacrée aux états allemands, attire mon attention. Grâce à mon encyclopédie préférée, j'apprends que Heligoland est un archipel de petites îles situées à 70 km au nord-ouest de l'Allemagne. Si la Reine Victoria orne les premiers timbres-poste de cette île germanique, c'est tout simplement qu'en 1867, ce sont les Anglais qui « possèdent » le territoire. En 1890, elle sera « restituée » aux Allemands, et deviendra partie intégrante du territoire allemand, et plus particulièrement du Schleswig-Holstein.

Lourdement bombardée durant la deuxième guerre mondiale en raison de la présence d'une base navale allemande, l'île servira de zone de bombardement d'essai durant sept années avant d'être remise aux Allemands. Dans un souci de destruction qui échappera peut-être à ceux d'entre nous qui n'ont pas connu la guerre, les Britanniques feront exploser simultanément près de 7000 tonnes d'explosifs le 18 avril 1847 afin de raser les fortifications de l'île. Triste passé.

Revenons à la philatélie. Bien que minuscule (aucune île ne dépasse le km carré), l'archipel fut au dix-neuvième siècle un lieu de villégiature prisé. Il y a donc une réelle correspondance postale avec le continent :

Un courrier d'Heligoland
Mis en vente par Till Neumann Klassische Philatelie, vente aux enchères n° 3 du 10.01.2009, lot n° 244.

Prix de départ : 18 000€
Prix de vente : 18 000€

Cette lettre, postée le 27 juillet 1868, est affranchie de 3½ schillings (et non shillings, la devise utilisée n'est donc pas celle de conquérant anglais), le tarif alors en vigueur pour une lettre standard à destination de l'Allemagne.

Son prix est élevé car seuls 30 000 exemplaires du timbre de ½ schilling furent imprimés (en deux tirages, le premier de 20 000 exemplaires le 21 mars 1867, le deuxième le 25 août 1868) et 40 000 exemplaires du timbre de 1 schilling (le 21 mars 1867, avec les autres timbres de la série, 2 et 6 schillings). D'ailleurs, le tarif de 3½ schillings était le plus souvent réalisé à partir de la combinaison 2+1+½ schillings.

Les premiers timbres d'Heligoland sont un vrai défi pour le collectionneur, au moins dix réimpressions eurent lieu à Berlin, Leipzig et Hambourg jusqu'à la fin du dix-neuvième siècle. C'est l'avantage de les collectionner sur lettre, le risque de confusion avec ces réimpressions est fortement atténué.

dimanche 14 décembre 2008

La tentative de vol transatlantique de Martinsyde, Raynham et Morgan

En parcourant les divers sites de ventes aux enchères, on tombe parfois sur des pièces inconnues qui nous invitent à chercher le pourquoi de leur existence. Voici l'une d'entre elles :

Mis en vente par Cherrystone Philatelic Auctioneers, vente aux enchères du 08.01.2009, lot n° 950.

Prix de départ : 8500$
Prix de vente : Invendu

Mis en vente par Cherrystone Philatelic Auctioneers, vente aux enchères du 09.11.2010, lot n° 936.

Prix de départ : 8500$

Prix de vente : Invendu


Ce pli est adressé à Edwin Cleary, Londres et est affranchi de quatre timbres de la série « Caribou » surchargés « 1st Atlantic Air Post, Martinsyde, Raynham, Morgan ». Cette surcharge n'est pas répertoriée dans les catalogues que j'utilise et c'est la première fois que je la vois.

La surcharge ressemble à celle utilisée sur un 3¢ caribou pour un autre premier vol transatlantique. Qu'en est-il donc de celle-ci ?

Tout d'abord, Martinsude, Raynham et Morgan ont bien tenté par deux fois une traversée de l'Atlantique en avion en 1919. La première le 18 avril 1919, six jours après la tentative malheureuse dHawker et Grieve. Le vol sera bref, l'avion ne réussissant pas à décoller. La deuxième tentative aura lieu en juillet mais un crash au décollage rendra l'avion inutilisable.

Ce vol devait-il transporter du courrier ? Oui, et le postier-maître J. A. Robinson avait écrit à l'encre manuscrite « Aerial Atlantic Mail JAR » sur quelques dizaines d'exemplaires du 3¢ caribou. Les lettres partiront donc par bateau dans les bagages des pilotes.. qui les oublieront six mois avant de les remettre à la poste Londonienne.

Revenons à notre lettre. Edwin Cleary était un reporter du Daily Express, envoyé spécial à Terre-Neuve pour couvrir les tentatives de traversée de l'Atlantique. La surcharge a probablement été réalisée par M. Cleary lui-même, le postier-maître ayant nié le caractère officiel de ces surcharges. D'ailleurs, ce que le vendeur ne précise pas explicitement, c'est qu'on ne trouve pas au dos de l'enveloppe de cachet d'arrivée. Il est donc hautement probable que cette lettre (et les quelques autres connues) n'ait tout simplement pas voyagé par le système postal.

Il s'agit donc à priori d'une fabrication privée, d'une curiosité.

Mise à jour du 28.10.2010

Cette curiosité a bien du mal à trouver preneur, puisqu'elle est toujours en vente aujourd'hui, au même prix.

mardi 9 décembre 2008

10¢ vert, « Z grill »

De 1867 à 1870, les autorités postales américaines mirent en place un système expérimental destiné à enrayer la réutilisation frauduleuse de timbres-postes. Déjà à cette époque, de petits malins « lavaient » l'oblitération, ce qui permettait de réutiliser le timbre.

L'idée est simple mais il fallait y penser. Il s'agit de presser fermement sur le timbre une grille métallique où chaque élément est composé de petites pointes, ce qui a pour effet de briser les fibres du papier. Ainsi, l'encre de l'oblitération imbibe les multiples petites fractures et il devient très difficile de l'enlever. Pour avoir une idée de l'effet, imaginez la pression d'une râpe à épice sur une feuille de papier.

On classe les différents types de grilles par leur taille et le sens du relief créé par la grille. Il semble en effet que l'American Bank Note eut quelques difficultés avec le procédé et modifia donc les paramètres plus d'une fois. À chaque type est associée une lettre, A, B, C, D, E, F, G, H, I, J ou Z, selon une convention bientôt centenaire.

La grille de type Z mesure environ 11 x 14 mm et est composée de petites formes pyramidales dont le faîte (la pyramide ne se termine pas pas une pointe mais par une ligne de faîte, un peu comme sur une toiture) est horizontal par rapport à la base du timbre.

Six exemplaires du timbre suivants sont connus avec une grille de type Z :

10¢ vert, Z grill
Mis en vente par Robert A. Siegel Auction Galleries, vente aux enchères n° 967 du 16.12.2008, lot n° 4190.

Cote : 225 000$
Prix de vente : 550 000$

ex Ishikawa

Quel sera le prix atteint par cette rareté ? Difficile à dire mais il risque d'être très élevé. Voici par exemple le résultat d'une vente d'octobre où un 3¢ avec grille de type B, connu à quatre exemplaires (les quatre provenant d'un seul et même affranchissement découvert en 1969 !) :


3¢ B grill

Mis en vente par Robert A. Siegel Auction Galleries, vente aux enchères n° 963 du 28.10.2008, lot n° 557.

Cote : 240 000$
Prix de vente : 900 000$

Mis en vente par Robert A. Siegel Auction Galleries, vente aux enchères n° 468 du 25.03.1975, lot n° 82.

Cote : 27 000$
Prix de vente : 23 000$

Un peu plus et le record pour un timbre américain était battu. Le record (en vente publique) est de 935 000$ en 1998, pour un 1¢ « Z grill » donc deux exemplaires connus dont un seul disponible pour les collectionneurs.

Il y a un autre timbre dans la série des grilles qui risque d'atteindre un prix faramineux. Non pas qu'il soit particulièrement rare mais l'exemplaire offert, grille F, s'est mérité un Gem 100 de Professional Stamp Experts et le catalogue de vente en fait un éloge dithyrambique :

 F grill, Gem 100

Mis en vente par Robert A. Siegel Auction Galleries, vente aux enchères n° 967 du 16.12.2008, lot n° 4210.

Cote : 375$
Cote : 10 600$
Prix de vente : 50 000$

La deuxième cote est l'estimation par P.S.E. de la valeur d'un Superb 98. Atteindrons-nous 50x la cote ? Ça dépend si les collectionneurs-investisseurs ne se fient qu'à la note ou à leur jugement, qui leur susurrera à l'oreille que le timbre est sans conteste magnifique mais qu'il y a quand même une dent un chouia trop courte en bas...

Mise à jour du 26 janvier 2009

Voici un autre superbe exemplaire du 15¢ Lincoln, grille F :

F grill, Superb 98

Mis en vente par Robert A. Siegel Auction Galleries, vente aux enchères n° 968 du 27.01.2009, lot n° 124.

Cote : 4500$
Prix de vente : 55 000$

Cet exemplaire, noté Superb 98, a la particularité d'être neuf, avec légère trace de charnière. Au jour d'aujourd'hui, seuls trois exemplaires neufs ont obtenu une évaluation supérieure à Fine 70 et celui qui nous intéresse est de loin le plus beau. Le prix de vente devrait donc être exceptionnellement élevé.

mercredi 3 décembre 2008

La première série de timbres commémoratifs du Canada

En Juin 1897, la reine Victoria, qui est depuis un peu moins d'un an la détentrice du record de longévité à la tête de la monarchie britannique, se prépare à fêter ses 60 ans de règne.

Le Canada décide pour l'occasion d'émettre une série de seize timbres commémoratifs, du ½¢ au 5$, une somme colossale pour l'époque. En effet, un ouvrier devait consacrer plus d'une semaine de son salaire pour l'acquérir ! Pour la même somme, on pouvait également se procurer 50 kg de surlonge de boeuf.... C'est un peu comme si La Poste émettait aujourd'hui une série de Marianne dont les faciales allait jusqu'à 100€ et qu'il fallait débourser 250€ pour acheter toute la série. On trouve de la surlonge de boeuf à 5€ / kilo aujourd'hui ?

Les seize timbres présentent le même motif, deux portraits de Victoria dont la célèbre et si belle effigie Chalon, qui d'ailleurs orne également le timbre le plus rare du Canada. Une autre particularité de cette série est que plusieurs mois avant le début de la vente, le nombre d'exemplaires de chacun des timbre est fermement arrêté et rendu public.

½¢ noir
150 000
1¢ jaune 8 000 000
2¢ vert 2 500 000
3¢ rose 20 000 000
5¢ bleu 750 000
6¢ brun 75 000
8¢ violet 200 000
10¢ brun 150 000
15¢ bleu 100 000
20¢ orange 100 000
50¢ bleu 100 000
1$ rouge 25 000
2$ mauve 25 000
3$ brun 25 000
4$ mauve 25 000
5$ vert 25 000

Muni de ces informations, les spéculateurs et les philatélistes se ruèrent dans les bureaux de poste le 19 juin 1897 afin d'acquérir le ½¢ et le 6¢ dont les tirages étaient faibles par rapport à la valeur faciale. Après tout, avec 750$ il était théoriquement possible d'acheter la totalité du stock de ½¢ !

Ainsi, six jours plus tard, le superintendant des postes interdit la vente de ces deux valeurs sauf achat d'un ensemble complet ce qui, vu le prix, stoppe net l'euphorie. Le superintendant réitère cependant que de nouveaux tirages ne seront pas réalisés si certaines valeurs venaient à être épuisées.

Les collectionneurs râlent contre cette série qui semblent être destinée à alléger leur portefeuille, les passions se déchaînent et finalement, les plus hautes valeurs ne seront pas épuisées avant plusieurs années. Le 4$ ne se serait écoulé qu'à moins de 10 000 exemplaires.

Ces timbres sont aujourd'hui appréciés pour leur beauté, les polémiques de l'époque étant définitivement oubliées tout en étant toujours d'actualité (ce qui prouve bien que même si les collectionneurs râlent, ils achètent puisque ça fait 100 ans que ça dure !). Le prix des plus hautes valeurs à l'état neuf demeure relativement faible par rapport au tirage, justement parce que ces timbres ont surtout été achetés par des collectionneurs.

Voici un superbe exemplaire du 5$, neuf sans charnière :

Mis en vente sur ebay par Anthony's jusqu'au 8 décembre 2008, lot n° 200281444292.

Prix de départ : 1395$
Cote : 4000$

Prix de vente : Invendu

Il y a malheureusement un problème. Le prix. Il est nettement trop bas. Si le timbre est réellement dans la condition décrite, il vaut au moins la valeur de sa cote et même plus pour cette valeur très difficile à trouver sans charnière.

J'ai demandé au vendeur s'il était possible d'avoir un certificat d'authenticité. Sa réponse fut rapide et courtoise mais ferme : pour un certificat d'authenticité, à moi de me débrouiller.

De deux choses l'une : soit le vendeur tente une escroquerie, soit il est ignorant de la valeur des timbres qu'il vend. Dans ce deuxième cas, c'est une occasion inespérée de faire rapidement quelques milliers de dollars... mais je n'y crois pas trop. Un vendeur à éviter donc, malgré ses 55 000 commentaires positifs.

Voici un exemple récent de la vente d'un superbe exemplaire, avec gomme originale mais très légère trace de charnière (ce qui divise quand même la valeur par trois par rapport à une gomme intacte) :

Canada, 5$ Jubilé

Mis en vente par Robert A. Siegel Auction Galleries, vente aux enchères n° 960 du 26.06.2008, lot n° 1100.

Cote : 1250$
Prix de vente : 2600$

samedi 29 novembre 2008

Le premier timbre dentelé des États-Unis

Les timbres américains de 1851-1861 à l'effigie de Benjamin Franklin, George Washington et Thomas Jefferson sont imprimés par Toppan, Carpenter & Co.

À la fin du moi de février 1857, les premiers timbres dentelés sont livrés à New York, Philadephie, La Nouvelle-Orléans, et quelques autres villes afin de débuter une période d'essai d'un peu plus de trois mois ces timbres nouvellement dentelés. Il faut croire que l'essai fut concluant puisque dès le 8 avril, le gouvernement renouvelle le contrat signé avec l'imprimeur en 1851. Les termes du nouveau contrat, qui entre en vigueur le 10 juin 1857, stipulent que dorénavant tous les timbres devront être dentelés.

Le premier timbre dentelé est donc le 3¢ rouge bordeaux, timbre qui était au coeur de la collection spécialisée de W. Wilson Hulme II et qui a recensé 75 timbres sur lettre de la période antérieure à la signature du contrat entérinant définitivement l'utilisation de timbres dentelés.

Voici deux des trois lettres connues datées du 28 février 1857, la plus ancienne date recensée d'utilisation d'un timbre dentelé officiellement aux États-Unis :

Mis en vente par Robert A. Siegel Auction Galleries, vente aux enchères n° 964 du 02.12.2008, lot n° 222.

Valeur estimée : 4000 à 5000$

Prix de vente : 5750$

Mis en vente par Robert A. Siegel Auction Galleries, vente aux enchères n° 489 du 31.03.1976, lot n° 63.

Valeur estimée : 2000 à 5000$

Prix de vente : 1650$


Le premier timbre dentelé des États-Unis

Mis en vente par Robert A. Siegel Auction Galleries, vente aux enchères n° 964 du 02.12.2008, lot n° 223.

Valeur estimée : 4000 à 5000$

Prix de vente : 5000$

Lors de la vente en 1976 de la première lettre illustrée ci-haut, c'était alors la seule ayant été authentifiée datant du 28 février 1857.

On remarquera justement que le cachet à date  ne comporte pas l'année ! Je n'ai pas de référence sous la main mais je suppose qu'un cachet différent est utilisé dans les années subséquentes ou que les timbres sont d'une teinte suffisamment différente pour qu'il n'y ait pas de confusion possible.

mardi 25 novembre 2008

De l'utilité d'apprendre au moins quelques mots d'une langue étrangère

Laissons de côté l'aspect culturel fort de l'apprentissage d'une langue étrangère et concentrons-nous sur l'aspect pratique en philatélie. Le strict minimum que tout un chacun devrait connaître dans une langue étrangère d'un pays dont on s'intéresse aux timbres est le nom du pays, de la devise monétaire ainsi que les nombres les plus courants, comme les chiffres de un à dix, les dizaines, etc.


Voici un timbre émis par la Suède dans la deuxième moitié du dix-neuvième siècle :


Mis en vente par AB Philea, Lars Tore Eriksson et Frimärkskompaniet, vente aux enchères n° 270, lot n° 540.


Prix de départ : 25 000 kr


Sverige, c'est Suède. Frimärke, timbre. Tretio öre, trente öre. Trente ? Trente ! Il s'agit donc bien d'une erreur, d'une erreur qui multiplie quand même la valeur du timbre par mille.


D'après le catalogue Facit, 970 exemplaires auraient été produits et vendus avec cette erreur, à comparer aux 18,6 millions d'exemplaires normaux, où on lit bien tjugu öre. Il s'agit certainement d'une erreur de cliché qui a été corrigée puisqu'on connaît deux ou trois paires comportant un exemplaire normal et un exemplaire erroné.

vendredi 21 novembre 2008

Les premiers timbres de la confédération suisse

Nous avons vu que les premiers timbres émis par la Suisse furent le fait des autorités cantonales et non d'une administration centrale. Le 12 septembre 1848, les Suisses adoptent une constitution fédérale qui, entre autres, confient l'administration des postes à une autorité centrale.


Celle-ci se met en place en 1849 et les premiers timbres valides dans toute la Suisse sont émis en mai 1850. Les timbres comprennent une valeur faciale ainsi qu'une indication du tarif :

  1. Poste locale ou orst post, 2½ rappen. Il y a donc deux timbres différents, l'un comportant l'inscription en français, l'autre en allemand. Paradoxalement, les deux variantes sont distribuées dans toutes les régions de Suisse, sans tenir compte de la répartition linguistique.
  2. Rayon I, 5 rappen. Le premier rayon correspond à une distance de 10 lieues, ce qui fait près de 50 kilomètres.
  3. Rayon II, 10 rappen. Jusqu'à 25 lieues.
  4. Rayon III, 15 rappen. Jusqu'à 40 lieues. Il faudra attendre 1852 pour avoir un timbre à ce tarif.

Au centre du timbre, la croix suisse, découpée ou non par un fin cadre noir. La présence ou non de ce cadre modifie drastiquement la valeur du timbre.


Par exemple, pour le timbre local, on trouve quatre variantes : avec texte français ou allemand et avec ou sans cadre noir. La plus rare de ces variantes est le timbre français sans cadre noir.


Les premiers timbres de Suisse

Mis en vente par Rapp Internationale Briefmarkenauktionen, vente aux enchères du 25.11.2008, lot n° 641.


Cote : 35 000 Fr
Valeur estimée : 8000 à 10 000 Fr

Prix de vente : 14 500 Fr


collection Genève


Pour le 5 rappen, la variante à posséder est celle d'un tirage de 1851 où l'imprimeur abandonne l'une des trois couleurs pour n'en garder que deux. La croix doit être ceinte d'un fin cadre bleu (complet) pour multiplier la valeur du timbre par mille :


Le timbre le plus rare de Suisse

Mis en vente par Rapp Internationale Briefmarkenauktionen, vente aux enchères du 25.11.2008, lot n° 658.


Cote : 250 000 Fr
Valeur estimée : 100 000 à 150 000 Fr

Prix de vente : 270 000 Fr


collection Genève, ex Zumstein, Munk, Rellstab, Eichele


Ce timbre est probablement le plus rare de Suisse puisque seuls douze exemplaires sont aujourd'hui connus et parmi ces douze, celui offert ici est certainement l'un des plus beaux. Pour la petite histoire, il s'agit d'un exemplaire de type 14 (il y a 40 types différents, une partie du motif ayant été dessinée 40 fois à la main), imprimé avec la pierre d'impression dite B2.


Une autre rareté de Suisse

Mis en vente par Rapp Internationale Briefmarkenauktionen, vente aux enchères du 25.11.2008, lot n° 657.


Cote : 190 000 Fr
Valeur estimée : 60 000 à 80 000 Fr

Prix de vente : 105 000 Fr


collection Genève


Ce timbre de dix rappen, avec fine croix noire autour de la croix Suisse, est lui aussi une grande rareté, comme sa valeur l'indique. D'une exceptionnelle fraîcheur, avec une oblitération port payé de Berne, avec des marges généreuses, il s'agit encore une fois d'un des plus beaux exemplaires de cette rareté.


Cet article conclut les quatre articles consacrés à l'exceptionnelle vente de Rapp, le quatrième étant une mise à jour d'un article de 2007 sur le Double de Genève.


mardi 18 novembre 2008

La colombe de Bâle

En 1845, le canton de Bâle emboîte le pas aux cantons de Zurich et de Genève, qui émettaient leurs timbres depuis deux ans. Le motif, une colombe blanche sur un écusson rouge se distinguait avantageusement des timbres émis par les autres cantons suisses. Il est également remarquable que ce timbre ait été produit par un procédé typographique à trois couleurs, noir, bleu et rouge.

Le tarif simple de 2½ rappen suffisait à envoyer une lettre en ville, c'est-à-dire à Bâle même. Moyennant deux timbres, on pouvait envoyer une lettre dans les communes limitrophes. Un peu plus de 1000 feuilles de 40 exemplaires furent imprimés, ce qui en fait aujourd'hui un timbre assez rare.

Voici par contre une grande rareté, une paire du premier tirage, qui se reconnaît à la teinte bleu vif :

La colombe de Bâle

Mis en vente par Rapp Internationale Briefmarkenauktionen, vente aux enchères du 25.11.2008, lot n° 631.

Cote : 220 000 Fr
Valeur estimée : 80 000 à 100 000 Fr

Prix de vente : 120 000 Fr

collection Genève


On retrouve également, dans cette vente hors du commun, cinq exemplaires sur lettre, dont voici les trois qui arborent un exemplaire bleu vif, toutes exceptionnelles par leur état de conservation :

La colombe de Bâle, sur lettre
La colombe de Bâle, sur lettre
La colombe de Bâle, sur lettre

Rapp Internationale Briefmarkenauktionen, vente aux enchères du 25.11.2008, lots n° 1030 à 1032.

Cote : 45 000 Fr
Valeur estimée : 20 000 à 30 000 Fr

Prix de vente : 46 000, 25 000 et 38 000 Fr

collection Pilatus


On notera la couleur d'une exceptionnelle fraîcheur sur le timbre de la première lettre. Qui pourrait croire qu'il a été imprimé il y a plus de 150 ans ?

samedi 15 novembre 2008

Le premier timbre de Suisse, canton de Zurich

Le maison Rapp tenant fin novembre la plus importante vente aux enchères de l'année (la vente devrait tout de même totaliser quinze millions de francs, soit environ dix millions d'euros), c'est l'occasion de présenter les premiers timbres émis par la Suisse et plus précisément par le canton de Zurich.

En effet, en 1843, devant le succès rencontré par la création de Sir Rowland Hill, le canton de Zurich (très rapidement suivi par celui de Genève, mais ça c'est un autre article...) emboîte le pas à l'Angleterre et émet ses premiers timbres le permier mars de cette année. Le conseil d'état en profite pour revoir les tarifs; il décrète un tarif ordinaire de six rappen (centimes en français) pour les lettres à destination du canton et un tarif réduit de quatre rappen pour les lettres locales. Deux timbres seront donc émis.

Le lithographe produira cinq dessins de chaque timbre, qui seront disposés horizontalement et reproduits vingt fois sur la pierre d'impression. La planche de 100 timbres est imprimée sur un papier contenant de fines lignes rouges. On trouve des timbres où ces lignes sont verticales, d'autres où elles sont horizontales.

Même si ces deux timbres sont restés les seuls en usage pendant huis ans, le timbre de 4 ruppen est aujourd'hui assez rare. Le nombre d'exemplaires offerts dans la vente aux enchères qui nous intéresse est particulièrement élevé.

Le premier timbre de suisse, sur lettre

Mis en vente par Rapp Internationale Briefmarkenauktionen, vente aux enchères du 24.11.2008, lot n° 6.

Cote : 53 000 Fr
Valeur estimée : 15 000 à 20 000 Fr

Prix de vente : 28 000 Fr


Cette lettre a été postée de Zurich le 1er janvier 1845. Le destinataire habitait en ville comme l'indique la mot allemand Dahier. Le timbre, de type I avec lignes verticales, est en excellente condition.

Le premier timbre de suisse, sur lettre

Mis en vente par Rapp Internationale Briefmarkenauktionen, vente aux enchères du 24.11.2008, lot n° 7.

Cote : 53 000 Fr
Valeur estimée : 6000 à 8000 Fr

Prix de vente : 11 000 Fr

ex Erich Levin


Une deuxième lettre, affranchie d'un timbre de type II, lignes verticales, datée du 31 décembre 184?. Le timbre aurait un défaut de planche qui n'est pas visible sur le scan.

Deux collections prestigieuges sont offertes aux collectionneurs durant cette vente. La première, la collection « Genève », comprend pas moins de dix exemplaires du timbre de 4 ruppen, un de chaque type pour chaque orientation des lignes rouges. Malheureusement, les scans disponibles ne sont pas suffisamment détaillés pour qu'on puisse distinguer les types. Nous allons donc passer à la deuxième collection, « Pilatus », qui comprend trois exemplaires sur lettres.

Le premier timbre de suisse, sur lettre

Mis en vente par Rapp Internationale Briefmarkenauktionen, vente aux enchères du 25.11.2008, lot n° 1007.

Cote : 53 000 Fr
Valeur estimée : 15 000 à 20 000 Fr

Prix de vente : 28 000 Fr

ex Dr Mocellin, collection Pilatus


Un exemplaire de type I, lignes verticales, sur lettre postée à Zurich le 30 décembre 1844. Des voeux de bonne année, comme les deux autres lettres ci-haut ? Il faudrait un allemand pour déchiffrer la première ligne de texte qu'on voit en transparence.

Le premier timbre de suisse, sur lettre

Mis en vente par Rapp Internationale Briefmarkenauktionen, vente aux enchères du 25.11.2008, lot n° 1008.

Cote : 53 000 Fr
Valeur estimée : 15 000 à 20 000 Fr

Prix de vente : 29 000 Fr

collection Pilatus


Un superbe exemplaire de type II, lignes verticales, sur lettre postée à Zurich le 25 juillet 1845.

Le premier timbre de suisse, sur lettre

Mis en vente par Rapp Internationale Briefmarkenauktionen, vente aux enchères du 25.11.2008, lot n° 1012.

Cote : 53 000 Fr
Valeur estimée : 15 000 à 20 000 Fr

Prix de vente : 36 000 Fr


collection Pilatus


La dernière lettre offerte est particulière. Il s'agit d'un timbre type IV, toujours avec lignes verticales (le 4 rappen est plus commun avec lignes verticales qu'horizontales) mais cette fois sur une lettre postée de Winterthour le 31 mai 1845 à destination de Seen. Vous remarquerez le cachet noir plutôt que rouge, cette couleur étant rérservée pour la ville de Zurich. C'est la seule lettre connue avec ce timbre pour cette destination, qui est une localité de la ville de Winterthour. Le résultat de la vente nous dira si elle a suscité un intérêt plus important que les autres lettres.


mercredi 12 novembre 2008

Le piquage de Susse

Ce n'est un secret pour personne, les premiers timbres n'étaient pas dentelés. Il fallait donc, pour les séparer, manier le ciseau, ce que les agents du service postal faisaient avec plus ou moins de dextérité. Rapidement, des expérimentations de dentelure eurent lieu un peu partout dans le monde.

L'Angleterre (forcément) émettait ses premiers timbres dentelés en 1854, grâce à une technique mise au point par un Irlandais, Henry Archer, en 1848. En France, il fallut attendre 1862. Choisir la même solution que les britanniques ne pouvait évidemment se faire qu'après avoir exploré d'autres pistes.

Parmi ces pistes, il y eut la machine des frères Susse, papetiers à Paris, qui « permet de faire en cinq minutes le travail d'une heure ». Manifestement, on n'avait pas encore pensé à adapter la guillotine pour trancher le papier car dans ce cas je doute que le gain eut été aussi manifeste.

À l'exception des premiers timbres de Finlande à la dentelure si particulière, je crois que je n'ai jamais vu d'aussi grosses dents :

80c rose, piquage de Susse

Mis en vente par Behr Philatélie, vente sur offres n° 5 se terminant le 25.11.2008, lot n° 243.

Prix de départ : 900€

Prix de vente : Invendu


En général, ces essais de perforations se collectionnent sur lettre, afin d'éliminer tous les exemplaires de complaisance. En effet, que faire d'une machine à perforer une fois qu'elle a échoué à convaincre ? La revendre à un marchand de timbre... Ce serait la maison Maury (on parle beaucoup du catalogue éponyme en ce moment sur les blogs) qui s'en serait portée acquéreur une dizaine d'années plus tard.

L'exemplaire ci-haut est exceptionnellement bien centré et a donc probablement été « fabriqué » avec soin. Il n'en demeure pas moins un témoin amusant des efforts réalisés par les inventeurs du dix-neuvième siècle pour créer les vignettes dentelées qui ont tant déclenchées de passion et qui arrivent aujourd'hui en fin de vie...


Mise à jour : Chez le même vendeur, un 1fr vermillon vif sur lettre ainsi qu'un bloc pour le bien des aveugles.

lundi 10 novembre 2008

Le n° 1 de France, tête-bêche, un peu abîmé

Parfois, certains timbres extrêmement rares ne sont connus qu'en (très) mauvais état. Le collectionneur n'a donc pas le choix, s'il souhaite faire l'acquisition d'un tel timbre, il devra se contenter de l'état dans lequel il est disponible. Cependant, parfois, certaines raretés sont disponibles en excellent état ou en très mauvais état. Voici un exemple de la seconde possibilité :

Le n° 1 de France, tête-bêcheLe n° 1 de France, tête-bêche
Mis en vente sur Delcampe par jackyb2005, lot n° 47649333.

Cote : 50 000€
Prix de départ : 4300€, puis 3900€

Il s'agit du n° 1 de France, le 10 centimes Cerès, tête-bêche, sur lettre, dont une douzaine d'exemplaires seraient connus. On peut constater que malheureusement cette paire a été collée sur le haut de la lettre, repliée au verso et déchirée sans ménagement lors de l'ouverture du pli.

L'importante décote illustre bien le peu d'engouement que ce genre de pièce doit susciter auprès des collectionneurs. Elle risque donc de ne pas se vendre, d'autant plus que Delcampe n'est certainement pas le site le plus visité par les amateurs de raretés...

dimanche 9 novembre 2008

Le salon philatélique d'automne, où les marmottes sont hors de prix

Comme de nombreux philatélistes franciliens, français ou même étrangers, je suis allé faire mon petit tour au salon philatélique d'automne porte de Champerret à Paris. J'y ai rencontré d'autres blogueurs internautes et j'ai ensuite flâné entre les divers stands à la recherche de bagatelles.

J'ai passé une bonne demie-heure à fouiller dans des boîtes de timbres à 0,20€ pièce, à la recherche d'un hypothétique trésor que j'ai bien évidemment pas trouvé... quoique j'aie déniché un 1p rouge de 1864 d'Angleterre, en plutôt bonne condition. Si, si, celui aux 150 numéros de plaque ! Pendant un instant, j'ai eu l'impression d'être un petit garçon de dix ans qui allait sortir 20 centimes de ses poches et repartir tout fier mais finalement j'ai remis le timbre dans la boîte après l'avoir gardé dans ma main une bonne dizaine de minutes en cherchant autre chose.

Je le laisse à un autre, en espérant que ce soit un gamin (du moins dans l'âme) qui le trouve et, pourquoi pas, qu'un jour il découvre que le n° de plaque est 77...

Ensuite, j'ai parcouru rapidement la section « rongeurs » chez un des marchands de timbres thématiques, jusqu'à ce que je tombe sur un timbre de Guinée Équatoriale représentant une marmotte. Quand je dis timbre, j'exagère un peu, les timbres de Guinée Équatoriale de ce cette période (les années 1970) n'en sont pas vraiment; ce sont des vignettes qui passent directement de l'imprimerie au marché des collectionneurs et qui ne sont d'ailleurs même par reconnues par l'Union Postale Universelle. Ce timbre de Guinée équatoriale, de 10 centimos était offert pour la modeste somme de 4,90€ ! Je ne pouvais croire qu'un tel timbre, dont la valeur réelle est proche de zéro, soit offert aussi cher.

Sur Internet, pour le quart du prix, j'ai toute la série :

Mis en vente sur Delcampe par Postzegelhandel Nachtvlinder100, lot n° 41357367.

Prix de départ : 1,20€
Cote : 3,50€

Prix de vente : Invendu


Du coup, je me suis dit que ça ne valait vraiment pas la peine de continuer à chercher ce genre de timbres sur le salon, mieux valait finalement rentrer chez moi et m'installer derrière mon écran d'ordinateur...

mardi 4 novembre 2008

Les archives de l'imprimerie Fournier

L'imprimerie Fournier a été fondée en 1868 en Espagne par Heraclio Fournier, dont la famille comportait d'illustres imprimeurs parisiens. Spécialisée dans l'impression de cartes à jouer, la maison imprime en 1936 son premier timbre, qui sera suivi de milliers d'autres pour une quarantaine d'administrations postales.

Aujourd'hui fusionnée à l'United States Playing Card Company, le groupe imprimerait plus de 35% des cartes à jouer dans le monde !

Ce qui nous intéresse aujourd'hui, ce sont les archives de cet imprimeur, qui sont offertes en plusieurs fois aux philatélistes via la maison de vente Christoph Gärtner. La vente actuelle, la quatrième de ces archives, est consacrée aux pays francophones d'Afrique.

Les amateurs de progressive die proofs seront comblés mais ce qui est particulièrement intéressant à mon avis, ce sont les dessins originaux qui correspondent aux timbres émis.  Voici six petits dessins (11,7 x 8,0 cm) de F. Llamosas qui serviront à illustrer la série des animaux africains émise par la Guinée en 1968 :

Guinée, animaux africainsGuinée, animaux africainsGuinée, animaux africainsGuinée, animaux africainsGuinée, animaux africainsGuinée, animaux africains
Mis en vente par Auktionshaus Christoph Gärtner, vente aux enchères n° 8 du 05.11.2008, lots n° 258A, 259A, 259B, 259C, 259D et 259E.

Prix de départ : 250€
Prix de vente : Invendu, 270€ et quatre Invendu

À titre de comparaison, voici la série de timbres correspondante :

Guinée, animaux africains
Mis en vente sur ebay par ldramisiii, lot n° 280281535387.

Prix de départ : 0,99$

Prix de vente : Invendu

Pour la petite histoire, Heraclio Fournier n'est pas le célèbre Fournier qui a créé plus de 3500 reproductions de timbres (ce qu'on nomme plus communément des faux) au début du vingtième siècle. Celui-ci s'appelait François.

mercredi 29 octobre 2008

Poste aérienne vers Halifax

Voici le cinquième article de ce blog consacré aux timbres poste aérienne de Terre-Neuve. Il y a d'abord les trois grandes raretés, les timbres surchargés à 200 ou 300 exemplaires pour les vols du Hawker, en 1919, de Francesco de Pinedo, en 1927 et du Columbia, en 1930.

Le quatrième article était consacré au vol du Dornier Do-X, en 1932. Surchargé à 8000 exemplaires, on ne peut pas dire que le timbre soit rare, sauf lorsque la surcharge est inversée...

Le timbre vedette de cet article a été émis en 1897 et surchargé en 1921 pour un vol courrier à destination de Halifax, en Nouvelle-Écosse. Cette fois, il y aura 14 000 exemplaires produits par le service des postes... dont 100, soit quatre feuilles, avec une surcharge inversée. Inutile de dire que ces cent timbres n'ont pas servi à affranchir le courrier.

Voici un exemplaire, avec légère trace de charnière et garantie Kessler au dos :

Poste aérienne vers Halifax
Mis en vente par Eastern Auctions, vente aux enchères du 01.11.2008, lot n° 121.

Cote : 6375$
Prix de vente : Inconnu

On distingue six types de surcharge (ce qui démontre le peu de soin apporté à la réalisation de ce travail), principalement en fonction de la présence ou pas d'un point sur la dernière ligne, de l'espacement entre les mots AIR et MAIL ainsi que de l'alignement vertical entre les trois lignes.

Parmi les 100 timbres, il y en a 40 comme celui ci-haut, c'est-à-dire sans point après 1921, avec 2,75 mm entre AIR et MAIL et le 9 de 1921 sous le f de Halifax.


 Mise à jour : Justement, des nouveaux exemplaires de la surcharge pour le Columbia.

lundi 27 octobre 2008

Affranchissement mixte Fidji - États-Unis

En 1870, le Fiji Times, un journal hebdomadaire, crée les premiers timbres des Îles Fidji, un archipel composé de centaines d'îles dans l'océan Pacifique sud. L'objectif initial était le paiement de l'acheminement des journaux mais, en l'absence de service postal, il était possible d'utiliser ces timbres pour payer l'envoi de lettres à destination d'autres îles.

Le service postal officiel sera mis en place en décembre de l'année suivante et le service offert par le Fiji Times sera en toute logique abandonné.

Affranchissement mixte Fidji - États-Unis
Mis en vente par Spink, vente aux enchères n° 8021 du 13.11.2008, lot n° 672.

Valeur estimée : 20 000 à 25 000£
Prix de vente : Invendu


Mis en vente par Prestige Philately, vente aux enchères n° 136 du 24.05.2008, lot n° 334.

Valeur estimée : 50 000$
Prix de vente : Invendu

ex Seybold, Lagerloef, Purves, Robertson, Mayer

Ce pli est particulièrement intéressant car il possède un affranchissement mixte; la première partie du trajet est acquittée par l'un des timbres émis par le Fiji Times, tandis que la deuxième, pour rejoindre San Francisco, est payée à l'aide d'un timbre américain. Cette enveloppe est d'ailleurs le seul affranchissement mixte Fidji - États-Unis connu.

Par ailleurs, on ne connaîtrait aujourd'hui que six lettres affranchies avec ce timbre, ce qui est suffisant pour en faire une grande rareté, rareté qui n'a pas trouvé preneur en mai cette année et qui est de nouveau offerte à la vente, cette fois à Londres, histoire de toucher un plus large éventail d'acheteurs potentiels.

Pour la petite histoire, ce pli aurait voyagé sur le Wonga Wonga, qui a quitté les Fidji le 11 septembre 1871 pour arriver à San Francisco le 6 octobre.

samedi 25 octobre 2008

Les timbres du Canada, une valeur sûre

Le titre de ce billet était, si ma mémoire ne me fait pas défaut, le slogan de Postes Canada pour convaincre les philatélistes ou investisseurs occasionnels d'acheter des timbres et des produits philatéliques pour en faire un placement plutôt que pour envoyer du courrier. Cependant, je ne retrouve pas ce slogan sur Internet ni dans les publicités que j'aurais pu conserver (pas étonnant, je n'ai rien conservé !) donc restons honnêtes et supposons que c'est pure invention de ma part. Peut-être un lecteur pourra-t-il m'éclairer sur le sujet ?

Néanmoins, comme presque toutes les administrations postales, Postes Canada émet aujourd'hui une pléthore de produits philatéliques destinés à satisfaire les collectionneurs et les (futurs) actionnaires, qui sont ravis que tant de clients achètent des images à un prix fort.

Ami lecteur échoué sur ce blog, constate la valeur actuelle d'un placement réalisé il y a plusieurs décennies dans ces produits philatéliques :


Énorme accumulation de plusieurs milliers de plate blocks. Illustration piquée sur eBay par l'auteur de ce blog pour illustrer les timbres contenus dans le lot, la série « Queen Elizabeth II Wilding Portrait » de 1954.

Mis en vente par R. Maresch & Son, vente aux enchères n° 439 du 21.10.2008, lot n° 1.

Valeur faciale : 7939$
Prix réalisé : 5000$


Accumulation d'environ 20 000 plate blocks, la plupart par groupe de 100 dans l'emballage original de Postes Canada. Illustration piquée sur eBay par l'auteur de ce blog pour illustrer les timbres contenus dans le lot, la série des emblèmes provinciaux de 1964.

Mis en vente par R. Maresch & Son, vente aux enchères n° 439 du 21.10.2008, lot n° 2.

Valeur faciale : 5347$
Prix réalisé : 2300$


2277 copies, la plupart dans leur emballage original. Illustration piquée sur eBay par l'auteur de blog pour illustrer le feuillet-souvenir de 1984 contenu dans le lot.

Mis en vente par R. Maresch & Son, vente aux enchères n° 439 du 21.10.2008, lot n° 2.

Valeur faciale : 3757$
Cote : 9108$
Prix réalisé : 2500$


Collection de 1950 à 2002, timbres, blocs, carnets, feuillets, plis premiers jours, etc.

Mis en vente par R. Maresch & Son, vente aux enchères n° 439 du 21.10.2008, lot n° 15.

Valeur faciale des timbres neufs : 2979$
Prix réalisé : 1550$

En 1954, avec 8000$, un particulier pouvait acheter 10 000 livres (4500 kilos) de boeuf, 60 000 miches de pain ou encore 38 000 pintes (43 000 litres) de lait. Cinquante ans d'inflation plus tard, les timbres sont vendus 5000$, ce qui correspond à 300 kg de viande, 2500 miches de pain ou 2800 litres de lait. Source : Le dollar canadien, une perspective historique, sur le site de la Banque du Canada.

En arrondissant un peu, les 8000$ de timbre en valent environ 500 en dollars constant. Comme placement, autant mettre son argent sous son matelas !

Mise à jour du 19 janvier 2009

Voilà, j'ai retrouvé la trace du slogan qui fait le titre de ce billet :

Mis en vente par H.R. Harmer, vente aux enchères n° 2990 du 21.01.2009, lot n° 2375.

Cote : 5500$
Prix de vente : 1200$

collection « Mont-Royal »

Dans ce carnet de 1988, dont la particularité est d'être mal découpé, on retrouve 10 timbres de 38¢ ainsi que deux vignettes dentelées qui indiquent

Remember to use the Postal Code. N'oubliez pas d'indiquer le code postal.

The Stamps of Canada - worth collecting. Les timbres du Canada - une valeur sûre.

Dans la marge supérieure on a le nom de l'imprimeur, Ashton-Potter Limited. Le texte que l'on peut lire au verso de la couverture cartonnée (mal découpée elle aussi d'ailleurs) nous apprends comment « tirer le meilleur parti de la poste ». Pour ce faire, il faut « laisser une bande de 19 mm libre de toute inscription au base de l'enveloppe ». Admirez la précision.

On trouve également, info pratique cette fois, les tarifs pour des lettres de « format standard » : 38¢, 44¢ et 75¢ pour des lettres de moins de 30g, 30g et 20g à destination du Canada, des États-Unis et d'ailleurs. Ces tarifs augmenteront en 1990.

lundi 23 juin 2008

Le salon du timbre 2008

Puisqu'en ce moment sur la blogosphère philatélique francophone on parle du salon du timbre, je vais partager avec mes quelques lecteurs assidus mes impressions personnelles.

Ayant un peu délaissé la philatélie dans les années précédentes, c'est la première fois cette années que je me rendais à cette manifestation créée en 2004 par La Poste. Pour résumer mon sentiment, ma plus grande déception est de ne pas avoir eu assez de temps pour y flaner à mon aise.

Commençons par le cadre. Quel plus bel endroit y a-t-il à Paris que le parc floral ? Certainement pas la porte de Champerret... Machiavélique l'entrée secondaire du parc au prix de 1€, vingt mètres à gauche de l'entrée principale à 5€ ! Il faudra que je m'en souvienne pour les après-midi où je « déboulerai [au parc floral] avec une horde de Parisiens pour faire un pique-nique » (authentique commentaire d'un philatéliste).

La différence principale avec le salon d'automne à l'espace Champerret est l'impression de professionnalisme qui se dégage de ce salon. Je ne parle pas des hôtesses dont « la beauté déconcentre le service de sécurité » mais simplement de l'aspect général de la manifestation, des « prestations » pour employer le jargon à la mode.

Les machines d'imprimerie, les maquettes de Léonard de Vinci, l'exposition sur le cirque, les différents ateliers sont d'excellentes idées qui dynamisent la philatélie auprès des enfants. J'avoue que le mien, âgé d'à peine un an, s'amusait plutôt à déchirer le pamphlet de l'Académie de philatélie offert par un passant, à grignoter la tuile aux amandes offerte par les hôtesses de Pascal Behr Philatélie ou à se faufiler entre les panneaux de l'exposition tandis que tant bien que mal j'essayais de rester concentré...

Parlant des expositions, je regrette de ne pas avoir pris une journée de RTT, il y avait tant à voir ! Je me suis arrêté devant plusieurs d'entre elles et j'ai particulièrement apprécié une collection thématique sur le timbre Jeanne d'Arc émis en 1929, une collection thématique sur la publicité et les timbres (le collectionneur a judicieusement inclus les timbres canadiens sponsorisé par McDonalds...), une collection portant sur l'histoire postale du Canada, contenant au moins trois plis de Nouvelle-France, dont le dernier connu avant la capitulation de la colonie face aux troupes anglaises, une extraordinaire collection portant sur l'histoire du système postal suédois, et j'en passe. Tout ce qu'il manquait, c'était d'éventuelles « visites guidées » mais je ne sais pas si ça se fait. Ah, j'allais oublier les panneaux de l'Académie de philatélie (une instance qui m'était inconnue), très classe et également très intéressants.

J'ai noté dans une des collections exposées (misfortune mail from Sweden si ma mémoire est bonne) un pli déchiré avec une lettre d'excuse de l'opérateur postal. Ce qui m'a frappé c'est qu'il y a quelques années j'ai reçu une lettre complètement déchirée avec une telle lettre d'excuse de La Poste et à l'époque j'avais tout simplement jeté le tout (après avoir lu la lettre quand même) sans jamais que me vienne à l'idée qu'un philatéliste aurait pu trouver ça intéressant !

Pour ce qui est des marchands, je me suis arrêté virtuellement nulle part, si ce n'est au stand de Pascal Behr, où j'ai été fort étonné de voir une rareté de Colombie Britannique, que j'aurais pu considérer pour ma collection si j'avais un revenu 50 fois supérieur à celui que j'ai actuellement...

Et malheureusement pour La Poste, je ne me suis pas arrêté à ses kiosques, les « produits philatéliques » contemporains ne présentant pour moi aucun intérêt. Je suis donc un mauvais sujet qui bénéficie du salon sans toutefois contribuer aux caisses du principal sponsor.

Bref, comme je le disais au début de ce billet, ma seule déception est de ne pas avoir pris plus de temps pour flaner à mon aise.

mercredi 18 juin 2008

Le Canada dans l'espace

Dès le début des années 1990, le Canada commence à émettre des « timbres gadgets » et d'innombrables carnets et feuillets-souvenir.

Ainsi, en 1992, naît le premier timbre canadien comportant un hologramme. Le tout premier tel timbre était autrichien, en 1988. Début 2000, plus de soixante différents timbre avec hologramme étaient disponibles.

L'hologramme étant plus ou moins collé sur le timbre, il était inévitable que des variétés apparaissent :

Timbre hologramme du Canada

Mis en vente par R. Maresch & Son, vente aux enchères n° 436 du 18.06.2008, lot n° 1047.

Cote : 2500$

Prix de vente : 950$


Sur cette feuille, on a un hologramme manquant. Il peut y en avoir deux, ou même dix :

Timbre hologramme du Canada

Mis en vente par R. Maresch & Son, vente aux enchères n° 436 du 18.06.2008, lot n° 1049.

Cote : 25 000$

Prix de vente : 7000$


Il y a également d'autres variétés. Le satellite Anik (type E2, lancé en 1991) est imprimé en argent :

Timbre hologramme du Canada

Mis en vente par R. Maresch & Son, vente aux enchères n° 436 du 18.06.2008, lot n° 1044.

Cote : 37 500$

Prix de vente : 11 500$


Pas d'argent...  Une autre très jolie variété est celle où la terre est engloutie par un trou noir :

Timbre hologramme du Canada

Mis en vente par R. Maresch & Son, vente aux enchères n° 436 du 18.06.2008, lot n° 1046.

Valeur estimée : 1500$

Prix de vente : 525$


Il y en a bien d'autres; la navette peut être trop haute, trop basse, il y a la pluie de météores dans le ciel, etc. Cependant, celle qui m'a le plus plu et qui a motivé cet article est la suivante, très jolie et plutôt inattendue :

Timbre hologramme du Canada

Mis en vente par R. Maresch & Son, vente aux enchères n° 436 du 18.06.2008, lot n° 1045.

Valeur estimée : 1500$

Prix de vente : 525$


Cette mini-feuille gadget aux mille variétés a bien sûr été produite pour être vendu aux collectionneurs. La stratégie a bien fonctionnée puisque qu'une lettre « nature » affranchie du timbre holographique cote à 20x la faciale...

Mise à jour du 19 janvier 2009

Histoire de comparer les prix, voici une autre feuille où les dix hologrammes sont absents :

Le Canada dans l'espace

Mis en vente par H.R. Harmer Inc., vente aux enchères n° 2990 du 21.01.2009, lot n° 2460.

Cote : 25 000$

Prix de vente : 7000$

collection Mont-Royal


Moins de dix telles feuilles auraient été découvertes. Je ne suis pas certain qu'on puisse toute aisément les distinguer les unes des autres sur des scans mais dans le cas qui nous concerne, cette feuille est bien distince de celle vendu en juin dernier; on le remarque au centrage des timbres qui n'est pas optimal sur cette feuille.